Habitué des révélations chocs sur la vie des politiques et des dirigeants, Le Canard enchainé a attiré récemment les projecteurs sur les dépenses extravagantes d’Arthur Anane, grande figure du milieu associatif et dirigeant d’Equalis. L’article de l’hebdomadaire, très affirmatif, a poussé le parquet de Meaux à ouvrir une enquête.
Equalis se donne pour mission d’aider et d’accompagner les personnes en situation de précarité ou d’exclusion, comme les sans-abris et les individus en attente de régularisation. La structure collabore avec plus de 70 établissements de service et compte environ 900 collaborateurs qui interviennent sur le terrain. Sur son site officiel, l’association dit œuvrer à la création d’une société « plus juste » pour lutter contre les inégalités sociales grandissantes.
D’après les révélations de Canard enchainé, le salaire élevé du patron d’Equalis et son style de vie sont en totale contradiction avec ces valeurs. Face au tollé provoqué par ces affirmations, l’association a promis de corriger cette anomalie.
Le salaire et les avantages perçus – dont une puissante voiture de fonction allemande – par Arthur Anane, patron d’Equalis, ont fait polémique fin septembre. Selon Le Canard enchainé, la question s’est déjà posée en interne en juin, après qu’un commissaire aux comptes a refusé de certifier les finances de l’association. Le commissaire en question a saisi le parquet de Melun, qui a réclamé un audit interne. Mais, cette enquête n’a révélé aucune fraude évidente.
Un cadre de l’association a récemment évoqué le sujet, arguant que le salaire « élevé » du directeur avait été approuvé par les membres du conseil d’administration. Ces émoluments ont été fixés lors de la fusion de la Rose des Vents et Agir-Combattre-Réunir (ACR), les deux structures à l’origine d’Equalis. Même si un membre du Conseil d’administration estime que le salaire d’Arthur Anane est largement plus élevé que la moyenne, il estime qu’il serait difficile de le diminuer. La Fédération des acteurs de la solidarité se montre bien plus ferme. Son président, Pascal Brice, a demandé au dirigeant d’Equalis de se mettre en retrait de la Fédération, à la suite de ces révélations.
Le patron de la FAS rappelle qu’Arthur Anane agit comme bénévole, et non pas comme salarié au sein de la structure. Pressée de toutes parts, cette dernière a promis de mener des actions correctrices, sans écarter son président pour autant.
Selon les informations de Canard enchainé, le président d’Equalis se serait versé 11 400 euros nets par mois. À ce salaire s’ajoute un avantage en nature, un SUV loué à 2 097 euros par mois par l’association. Cette dernière lui verse également une allocation de 533 euros par mois pour son logement.
Au total, Arthur Anane perçoit un salaire annuel brut d’environ 200 000 euros. Ces sommes sont prélevées sur le budget d’Equalis, qui s’élève à 83 millions d’euros par an. Une grande partie de ce budget provient de fonds publics. Après ces révélations et la polémique qui en résulte, le parquet de Meaux a ouvert une enquête pour « abus de confiance ».
