Les failles persistantes des mesures antipollution inquiètent

 poubelles

À Paris, les véhicules motorisés à vignette Crit’Air 4 ou plus ne peuvent plus circuler en centre-ville depuis le 1er juin 2021, une mesure censée réduire la pollution de l’air dans la capitale. Cette interdiction devrait être étendue à d’autres catégories à partir de 2022. Ce nouveau dispositif environnemental affiche néanmoins quelques failles, connues depuis longtemps.

La Zone à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) a été initiée en 2015, avant d’être renforcée successivement en 2017 puis en 2019. Cette démarche, initiée par le ministère de la Transition écologique en partenariat avec les collectivités, vise à améliorer la qualité de l’air en milieu urbain, en interdisant l’accès aux centres-villes aux véhicules les plus polluants. 11 ZFE-m sont d’ores et déjà opérationnelles en France, dont celle de Paris, laquelle couvre l’ensemble du territoire délimité par l’autoroute A86. Depuis son entrée en vigueur, cette mesure montre ses limites face au fléau des catalyseurs des deux-roues et des embouteillages consistants.

Des véhicules certifiés au mépris de leurs réelles performances environnementales

Au cœur de Paris, les niveaux de polluants atmosphériques ont peu évolué depuis l’entrée en vigueur de la Zone à faible émission au 1er juin 2021. Les embouteillages paralysent encore la circulation dans le centre-ville, à cause du retour des télétravailleurs et de leur voiture de fonction. Les habitants de la capitale et les observateurs ne sont pas vraiment du même avis.

Selon eux, la pollution persistante dans le Grand Paris résulte en grande partie des défauts manifestes du dispositif Crit’Air, pensé pour identifier plus facilement les voitures les plus polluantes et en interdire la circulation dans la ZFE-m. Cette dernière couvre actuellement plus de 70 communes de la capitale. Les manquements rapportés dans les médias sont nombreux, à commencer par les deux-roues équipés de moteurs 2 temps loin de remplir les critères environnementaux de la vignette. Les propriétaires de ces scooters fumants contournent la réglementation en installant de simples catalyseurs dans le pot d’échappement.

Les possesseurs de motos de génération plus récentes, eux, empruntent le chemin inverse : ils enlèvent systématiquement le catalyseur d’origine – souvent avec la complicité du concessionnaire. Ces véhicules « décatalysés » sont facilement reconnaissables par leur moteur pétaradant et les traînées de fumées qu’ils dégagent. Certains experts estiment qu’entre 20 et 25 % des deux-roues circulant dans et autour de Paris le sont, et conservent malgré tout leur macaron violet.

Des forces de l’ordre impuissantes et des travaux fictifs en guise de régulateurs

Sur les réseaux et les blogs spécialisés, des Parisiens expriment leur agacement face aux bouchons interminables, aggravés par les barrières de travaux utilisées abusivement par les agents de la municipalité. Or, tout ralentissement de circulation impliquant plusieurs dizaines de voitures à essence ou diesel entraîne inexorablement une augmentation spontanée des émissions de polluants atmosphériques. Et cela se ressent immédiatement à travers la qualité de l’air à Paris, qui reste l’une des villes les plus polluées de France même depuis la mise en place de sa ZFE-m.

En plus des congestions, les observateurs soulignent l’absence, ou plutôt le manque de réaction des forces de l’ordre face au fléau des véhicules qui contreviennent délibérément aux normes Crit’Air. On ignore encore si ces défaillances résultent :

  • D’un déficit d’équipements de contrôle, comme un analyseur 5 gaz ;
  • De manquements au niveau de la hiérarchie. Il se peut aussi qu’elles soient tout simplement dues à une période d’adaptation à une nouvelle réglementation peu appréciée des automobilistes et, surtout, des motards.
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