Au plus fort de la crise, les analystes ont émis des pronostics pessimistes sur le redémarrage de l’activité des flottes d’entreprise après plusieurs semaines d’immobilisation. Finalement, la reprise post-confinement semble se dérouler mieux que prévu pour les parcs professionnels. En même temps, les loueurs tendent à diversifier leurs solutions de mobilité sur le long terme.
La voiture de société a longtemps été à la base des flottes d’entreprise. Cette situation est sur le point de changer à l’issue de la crise du Covid-19. Outre les effets de la pandémie, les loueurs sont confrontés à l’urgence de la transition énergétique, au basculement vers l’électrique et à l’évolution du concept de mobilité.
Ce contexte a modifié en profondeur les attentes des clients et les priorités des gestionnaires de flotte. Les loueurs envisagent ainsi de restructurer les parcs pour y intégrer de nouvelles solutions correspondant aux besoins des employeurs et de leurs collaborateurs. En somme, ces acteurs profitent de la conjoncture inédite pour entamer leur mutation.
Après la levée du confinement, l’exécutif a mis en place différentes mesures visant à la fois à soutenir la filière automobile et à accélérer la transition énergétique du pays. Ce plan de relance gouvernemental comprenait ainsi plusieurs dispositifs pour stimuler les ventes de voitures vertes. Dans l’ensemble, les loueurs se réjouissent de cette initiative prise par l’État.
D’après le directeur général Europe d’Arval, Grégoire Chové, sur Les Échos :
Les mesures incitatives du gouvernement vont favoriser les ventes de véhicules électriques aux entreprises. À cela se combine la demande des entreprises qui, pour faire face au déconfinement, souhaitent des solutions de mobilité pour tous les collaborateurs.
Grégoire Chové.
Cette période placée sous le signe de l’incertitude est également propice aux échanges entre les loueurs et leurs clients, selon le directeur général délégué d’ALD Automotive. La société gère actuellement une flotte comptant 550 000 voitures dans l’Hexagone. La reprise post-confinement lui permettra d’ajuster la structure de son parc en fonction des besoins réels des professionnels.
ALD Automotive projette notamment de lancer de nouveaux services de mobilité via un réseau de centres dédié. Un établissement pilote sera bientôt ouvert à Tours. Sur ces sites, la société proposera des formules locatives plus adaptées aux attentes des professionnels. Elle compte également enrichir ses offres de mobilités alternatives (vélos partagés, trottinettes, VAE, etc.).
En attendant la concrétisation des projets à long terme, les acteurs de la filière automobile sont soulagés de voir une légère amélioration des ventes de voitures aux entreprises. En mai dernier, les résultats ont « seulement » baissé de 47 % pour les véhicules particuliers et de 33 % pour les utilitaires dans la branche BtoB de PSA. Même s’ils sont négatifs, ces chiffres sont encourageants dans le contexte actuel.
Comme le souligne le directeur de PSA Corporate Sales, Hugues de Laage :
Ce qui serait catastrophique en temps normal devient positif, notamment après l'effondrement des ventes de 90 % enregistré en avril. Désormais, on sent une reprise des livraisons et des sollicitations commerciales et, en juin, le recul des ventes aux flottes ne devrait plus être que de 25 %.
Hugues de Laage.
Le dirigeant table sur un repli global de 20 % cette année pour le marché BtoB. Pour sa part, le loueur Arval prévoit une baisse du volume de commandes de l’ordre de 25 à 30 % sur le deuxième semestre, après le recul de 20 % enregistré au premier semestre.
Ces projections tiennent compte des restrictions budgétaires mises en œuvre par les entreprises. Les spécialistes anticipent également une multiplication des prolongations de contrat en raison de la baisse des kilomètres à parcourir, avec l’essor du travail à distance.
