Les véhicules d’entreprise sont toujours autant plébiscités en Belgique

un portier devant une voiture

En 2019, les Belges ont immatriculé plus de 315 000 véhicules de société. L’usage de ces voitures est notamment motivé par les avantages fiscaux associés. Cependant, les défenseurs de ces moyens de transport tiennent rarement compte de leur impact écologique et de leur coût. D’ailleurs, ils représentent pas moins de deux milliards de manque à gagner pour l’État chaque année.

En dépit de ses nombreux détracteurs, la voiture de société continue d’être plébiscitée par les salariés et les employeurs. Les travailleurs comme les entreprises la considèrent en effet comme un privilège lié à l’emploi. La mise à disposition d’un tel véhicule est ainsi une pratique très courante en Belgique.

D’après les derniers chiffres de la Febiac (Fédération automobile belge), ce pays a établi un record concernant le nombre de nouvelles immatriculations de voitures salaires. Ces résultats témoignent du succès de ce système à l’échelle nationale. Toutefois, il est désormais indispensable de s’intéresser à ses défauts.

Un dispositif onéreux

L’an dernier, la part de marché des voitures d’entreprise s’est établie à 57 %. Auparavant, elle s’élevait à 53 %. C’est ce que relate le quotidien L’Echo. Comme l’expliquent les professionnels du leasing, cette hausse des ventes s’explique entre autres par l’adoption de la nouvelle norme européenne sur les émissions de CO2 en septembre 2018.

Cette réforme a entraîné un retard d’homologation pour plusieurs modèles. D’ailleurs, de nombreuses commandes effectuées cette année-là n’ont été livrées et mises en circulation qu’en 2019.

Le régime fiscal des véhicules de société soulève régulièrement la polémique en Belgique. En effet, les avantages fiscaux accordés à ces voitures coûtent 3 500 euros en moyenne par unité. Ce qui représente 2 milliards d’euros annuels de manque à gagner pour les caisses de l’État. Pourtant, ce montant permettrait de mener à bien d’autres projets comme le RER qui a besoin de seulement un milliard d’euros pour être achevé.

Xavier May, un chercheur de l’ULB, soulève également la question de l’équité fiscale par rapport à ce dispositif privilégiant les plus aisés. En effet, une voiture salaire sur deux est accordée à la minorité (10 %) la mieux payée des entreprises. La Cour des comptes du pays a ainsi recommandé l’abandon de ce régime fiscal depuis 2009.

Une autre forme de rémunération

Les véhicules de fonction composant les flottes d’entreprise ne sont pas recensés avec précision en Belgique. Toutefois, les analystes s’accordent à dire que leur nombre est conséquent en raison du régime fiscal appliqué en la matière. En effet, pour l’employeur comme pour le salarié, ces voitures permettent de réduire les charges salariales en réévaluant les rémunérations à moindre coût.

Selon une enquête Hay Group, un cadre junior belge sur deux avait droit à ces véhicules en 2015. Ils sont tout au plus un sur six à en bénéficier dans d’autres pays. Par ailleurs, près de 625 000 voitures d’entreprise circulaient sur les routes du royaume en 2018. C’est ce que révèle une étude réalisée par Xavier May pour le centre Brussel Studies.

Ces automobiles étaient conduites par 200 000 dirigeants d’entreprise et 425 000 employés d’après ce sondage. Concrètement, elles représentaient près d’un véhicule sur neuf circulant dans le pays sur cette période. Dans tous les cas, les entreprises et les salariés sont parvenus à un statu quo par rapport aux avantages de ce dispositif.

Pourtant, celui-ci se révèle discutable sur le plan écologique et économique. Il va notamment à l’encontre de l’initiative entreprise par Bruxelles. En effet, la région s’efforce de démocratiser les moyens de transport alternatifs. Elle promeut notamment les vélos en libre-service et les trottinettes électriques.

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