Les constructeurs s’attaquent au marché de la location de véhicules industriels

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Alors que plusieurs acteurs y officient déjà, les constructeurs affichent un intérêt croissant pour le marché de la location de véhicules industriels (VI). À l'exception d’Iveco, ils se lancent tous en effet dans cette activité. Pour eux, il s’agit d’un service supplémentaire à fournir à leur clientèle mais surtout d’un levier de croissance.

Le directeur des ventes Euro-Leasing France, Philippe Gallet, estime le marché de la location de VI à environ 15 % des immatriculations de ce type de véhicules en France. Ce chiffrage inclut les spécialistes tels que Fraikin, GT Location, BNP Paribas Rental Solutions, etc., ainsi que ceux évoluant dans la location à destination des professionnels du transport sous température dirigée comme Petit Forestier.

L’arrivée des constructeurs dans la location de VI fait émerger de nouvelles pratiques. Selon Philippe Gallet, le concept patrimoine laisse place à la notion d’usage. Pour le responsable marketing chez Clovis Location, Romain Baradat, il s’agit surtout de combiner service et maîtrise des coûts d’exploitation.

Un marché en plein essor

Avec l’enseigne CharterWay qui a été créée en 1992, le groupe Daimler fait partie des pionniers de la location de VI. Les autres constructeurs sont passés à l’offensive bien plus tard. Scania Rent, par exemple, est devenue une marque commerciale dédiée en France à partir de 2016. Après avoir observé le marché de 2014 à 2017, Volvo Trucks Rental se lance dans l’activité.

MAN France et MAN Rental (anciennement Euro-Leasing) sont les derniers arrivés sur le marché. Si Mercedes-Benz ne figure pas frontalement, il faut cependant savoir que la marque propose en location des camions comme des utilitaires, notamment la gamme Fuso Canter.

La location de VI a vocation à croître pour les constructeurs. Selon le directeur général de CharterWay France, Cyrille Bauguin, qui confirme une croissance à deux chiffres pour son activité en 2018, ce marché génèrera un tiers des immatriculations de poids lourds en 2025. Un optimisme paradoxalement alimenté par une nouvelle annoncée par Philippe Gallet :

« Les rachats et fusions d’entreprises de transports n’étendent pas les parcs. On aurait plutôt une tendance à la contraction de ceux-ci à un rythme d’environ -3 % par an du fait de ces acquisitions […] La location est un outil pour défendre ses parts de marché. Cela permet de garder ses propres clients ».

Philippe Gallet.

Un modèle basé sur le sur-mesure

Après la location de véhicule de fonction, les constructeurs se lancent dans la location de VI. Le modèle qu’ils déploient pour ce dernier marché se veut différent. L’ensemble des acteurs interrogés se tournent en effet vers le sur-mesure.

Selon les options désirées (pneumatiques, solutions télématiques, assurance dommages, etc.) et le type de véhicule, le prix de la prestation peut varier du simple au double. Bayram Kilic de chez Scania Rent explique :

« La personnalisation d’un tracteur, notamment la configuration puissance/cabine, est importante pour bien anticiper la valeur en occasion au terme des quatre ans. Tous nos tracteurs sont ainsi prédisposés avec la PTO ».

Bayram Kilic.

À l'inverse des loueurs généralistes, le véhicule est personnalisé suivant les couleurs du client. Par ailleurs, les constructeurs assurent tous s’intéresser aux porteurs. Chez Volvo Trucks Rental et Scania Rent, il s’agit d’un outil pour familiariser les vendeurs réseaux.

Du côté de CharterWay, un équilibre 50/50 est atteint pour les tracteurs et les porteurs. Tout comme les clients finaux, les constructeurs sont cependant confrontés aux délais de carrossage. Ils doivent alors négocier les réservations qu’ils exploiteront ensuite pour leurs véhicules de démonstration, leurs réseaux ou encore la location.

Analyse de la tendance par les constructeurs

Selon Olivier Bracon de chez Volvo Trucks Rental, les clients exigent de la visibilité sur leurs comptes d’exploitation. Pour Cyrille Bauguin, cette demande est :

« L’externalisation du risque lié à la charge d’activité des transporteurs, aux contraintes réglementaires et fiscales, aux valeurs des véhicules d’occasion. Cela inclut le risque pénal et administratif lié à la conformité des équipements montés à bord des camions (hayons, grues, etc.) ».

Cyrille Bauguin.

Il déplore également l’absence de dispositifs fiscaux en faveur des loueurs. D’après lui :

« On ne peut répercuter l’intégralité du surcoût d’un eCanter au client alors que nous, loueurs, ne pouvons pas bénéficier de certains dispositifs fiscaux. En location, le client ne profite pas non plus du dispositif de suramortissement ».

Cyrille Bauguin.

Romain Baradat, pour sa part, observe :

« Les clients raisonnent en coût kilométrique – avec toute la chaîne de valeur du véhicule – que ce soit le financement, le gazole, le chauffeur, les entretiens… La location longue durée permet de fiabiliser les coûts d’exploitation, grâce à un loyer mensuel déterminé à l’avance en fonction des paramètres durée/kilomètres. De plus, la location LLD facilite une continuité du business quels que soient les aléas, à travers le véhicule de remplacement, l’engagement d’un camion toujours disponible et à jour des visites réglementaires. La location courte durée, elle, offre une flexibilité pour tester par exemple de nouvelles tournées et/ou faire face aux pics d’activité sans oublier le test de nouveaux modèles ».

Romain Baradat.

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