Le déploiement du réseau 5G favorisera l’avènement des véhicules autonomes, selon Fawzi Nashashibi de l’INRIA (Institut national de recherche en informatique et en automatique), dans les colonnes du quotidien Le Monde. Le chercheur dirige actuellement des travaux sur les véhicules connectés et les voitures autonomes. Cette technologie permettra d’exploiter tout le potentiel de l’automobile du futur.
Sur un véhicule autonome, la fiabilité de nombreuses applications de sécurité essentielles dépend de la transmission des informations en temps réel. Ce type de voiture ne peut pas, par exemple, traverser une intersection sans une communication performante. Avec la 5G, le temps de latence baisse considérablement et contribue ainsi au développement de ces systèmes.
Par ailleurs, grâce à ce nouveau réseau, il sera possible de télécommander les voitures en autopartage pour les réaffecter ou les ramener au garage pour des travaux d’entretien ou de réparation. En revanche, hormis les applications dont l’efficacité repose essentiellement sur le temps réel, les autres fonctionnalités des véhicules connectés sont déjà arrivées à maturité.
L’arrivée des voitures autonomes sur les routes posera nécessairement la question de l’identité de l’acteur ou des organismes en charge de la gestion des données. La problématique s’étend notamment de leur pilotage à leur déploiement à grande échelle.
Aujourd’hui, des acteurs issus de différents secteurs travaillent sur les véhicules connectés. Ainsi, les métiers touchant de près ou de loin à ce projet sont en pleine métamorphose. À titre illustratif, les constructeurs automobiles sont désormais nombreux à tendre vers la téléphonie.
D’ailleurs, les frontières entre les métiers et les secteurs commencent à devenir moins nettes en raison des enjeux économiques derrière les modèles connectés. Chaque acteur crée son propre prototype, des équipementiers comme Valeo ou Bosch, aux opérateurs de téléphonie, en passant évidemment par les constructeurs automobiles.
Même les exploitants routiers ou autoroutiers se joignent à ce vaste projet.
Toutefois, la coopération sera indispensable pour réaliser de véritables avancées dans le développement des voitures connectées, voire autonomes. Ce mode de travail est notamment incontournable au niveau de la communication entre véhicules. Il faudra mettre en place des standards, par exemple, pour les alertes de sécurité passive, que ce soit sur route ou sur autoroute.
Par ailleurs, les systèmes adoptés devront être interopérables à l’échelle européenne ou même mondiale. De plus, les voitures devront utiliser les mêmes modes de communication avec les infrastructures dans tous les pays. Cette interopérabilité permettra, par exemple, de demander aux conducteurs de changer de voie pour laisser circuler une voiture d’urgence.
Qu’il s’agisse d’un véhicule particulier ou d’une voiture de société, le changement à venir dépassera de loin la connectivité nécessaire pour intégrer des équipements multimédias. Le transfert de données en temps réel proposé par la 5G améliorera le confort et la sécurité au quotidien.
Cette spécificité du réseau permettra notamment d’obtenir une optimisation des trajets en se basant sur les données transmises par les infrastructures urbaines et routières via le Cloud.
Outre la simple navigation, l’automobiliste pourra également recevoir des informations concernant les paramètres affectant l’expérience de conduite, comme les travaux, les accidents, les voitures arrêtées sur les voies, les verglas, etc.
Dans ce contexte, les voitures de demain sont plus exposées au piratage. Il devient donc urgent d’améliorer la sécurité du transfert de données pour se protéger des hackers. En principe, les questions liées à la cybersécurité incombent aux opérateurs de flottes.
Désormais, la sécurité routière ne sera plus passive, mais deviendra active et même interactive. Les voitures seront en effet capables de communiquer avec les infrastructures (feux tricolores, autoroutes, ponts, etc.). Ainsi, dès qu’il sera à proximité d’une intersection, le véhicule affichera sur l’écran tous les conducteurs vendant d'autres voies.
Il sera également possible d’interagir avec les piétons via leurs smartphones. De cette manière, tous les usagers de la route seront prévenus de l’arrivée ou de la présence des autres. Par ailleurs, les risques liés aux dépassements seront moindres grâce aux échanges de données entre les voitures. Déjà testés en conditions réelles, ces services devraient se développer plus rapidement avec l’arrivée de la 5G.
