Comment les entrepreneurs français peuvent-ils réussir au Québec ?

ville de Québec

L’entrepreneur français Yves Delnatte a décrypté pour L’Express le monde des affaires au Québec, à l’occasion de la 32ème édition des Entretiens Jacques Cartier. Ces rencontres s’avèrent notamment une excellente opportunité pour étendre son réseau de contacts. Cette année, elles ont réuni près de 5 000 décideurs et experts franco-québécois, avec au programme, des conférences, une trentaine d’évènements, etc.

Organisés alternativement en Rhône-Alpes et au Québec, les Entretiens Jacques Cartier ont été créés par les deux territoires pour améliorer leur attractivité et leur rayonnement. Pour y parvenir, le symposium franco-québécois cherche à favoriser les liens ainsi que les échanges entre les entrepreneurs issus de l’Hexagone et de la Belle Province.

Pour cette 32ème édition, les organisateurs ont accordé une place de premier plan à l’entrepreneuriat ainsi qu’aux perspectives d’avenir dans différents secteurs tels que la santé, la finance, le numérique et la culture. Les participants à cet évènement ont ainsi pu partager leur point de vue sur le monde des affaires des deux côtés de l’Atlantique.

Développement par les réseaux et les contacts

Yves Delnatte est le cofondateur et dirigeant d'Ineat, une agence spécialisée dans la transformation digitale. L’entreprise a été créée dans les Hauts-de-France en 2006. En février 2018, elle a décidé d’ouvrir une nouvelle agence à Montréal.

Durant son installation, l’entrepreneur a notamment pu découvrir les évènements de réseautage organisés régulièrement dans la région. D’ailleurs, les acteurs du réseau français, comme le consulat, la Chambre de commerce et d’industrie française, la French Tech, etc., s’avèrent plutôt dynamiques.

Toutefois, il se révèle plus difficile de se faire reconnaître par les entreprises locales. En effet, les entrepreneurs français doivent respecter de nombreuses conditions pour intégrer l’écosystème québécois.

Il faut donc se montrer patient et apprendre à étendre progressivement son réseau.

Dans cet exercice, Ineat a disposé d’une aide précieuse à travers le rachat de la société locale Soluteo. En effet, cette transaction lui a permis d’étoffer son équipe avec des salariés québécois, facilitant nettement l’intégration de ses autres employées. L’entreprise a par ailleurs pu obtenir des références québécoises grâce à cette opération, notamment les deux comptes, Videotron et Via Rail.

Une fois la phase d’intégration passée, l’entrepreneur français a pu se familiariser avec le comportement des Québécois dans le monde du travail. Dans la Belle Province, la ponctualité est de rigueur, ainsi que la concision et le professionnalisme.

D’autre part, les hommes d’affaires locaux n’apprécient pas la confrontation.

Ainsi, il faut généralement établir un premier contact (via un intermédiaire ou LinkedIn) avant de solliciter une personne. De plus, il est fortement déconseillé de renégocier ou de relancer après un premier refus.

Un grand défi pour les entrepreneurs français

Yves Delnatte insiste sur l’importance du financement avant d’entreprendre au Québec. En effet, au début d’Ineat Canada, il a souhaité prendre une quinzaine d’ordinateurs en leasing. Presque aucune société n'a accepté de l'accompagner, car son entreprise ne remplissait pas les prérequis en la matière.

Pour effectuer ce type de démarche, l’agence aurait dû exister depuis au moins deux ans et avoir un historique de crédit sur le territoire.

L’homme d’affaires recommande ainsi aux entrepreneurs français d’immigrer en disposant de fonds assez conséquents. Il est également envisageable d’ouvrir un compte bancaire en amont et d’effectuer diverses opérations pour faire savoir l’existence de sa société.

De cette manière, les entrepreneurs immigrants ne vivront pas la même mésaventure.

Yves Delnatte a pourtant réussi à cerner l’offre et la demande ainsi que les spécificités du marché avant de se lancer dans l’aventure Ineat Canada. Cependant, au début, il n’avait accès à aucun réseau et n’était pas crédible aux yeux des banques, rendant son parcours assez difficile.

Lors du rachat de la société québécoise Soluteo en décembre 2018, Ineat Canada a acquis une dizaine de salariés. Ayant étoffé son équipe originelle depuis, l’agence dispose aujourd’hui de 35 collaborateurs. Par ailleurs, elle compte employer une soixantaine de personnes d’ici le début 2021. En somme, l’entreprise a réussi à relever de nombreux défis depuis son arrivée au Québec.

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