Quels facteurs prendre en compte dans le débat sur l’abolition des voitures-salaire ?

 Finances et mini voiture

Selon Joost Kaesemans, Directeur de la communication de la Fédération Belge de l'Automobile & du Cycle (Febiac), la suppression de la voiture-salaire n’est pas une option réaliste. Il s’agit en effet d’un moyen de compenser le coût exorbitant de la main-d’œuvre dans le pays. Aujourd’hui, le package salarial de plus de 500 000 Belges comprend un véhicule.

En Belgique, l’utilisation de la voiture de service peut sembler contrainte car les employés sont nombreux à avoir besoin d’un véhicule dans le cadre de leur travail.

Mais au-delà de cet aspect, la possibilité pour le bénéficiaire d’une voiture-salaire de couvrir un nombre illimité de kilomètres parcourus à titre privé occupe une place prépondérante dans le débat actuel.

En effet, ces kilomètres « gratuits » entraînent l’augmentation de la distance parcourue par l’utilisateur chaque année et favorisent son installation dans une zone éloignée de son lieu de travail. Or, ces deux situations aggravent la congestion et les problèmes environnementaux. Par ailleurs, elles défavorisent les alternatives à la voiture.

Faille dans le régime actuel des voitures-salaire

La technologie est aujourd’hui assez avancée pour permettre de cartographier de manière transparente les kilomètres parcourus à titre privé.

Ainsi, il est possible de faire contribuer le bénéficiaire d’une voiture de service de manière équitable. En croisant les endroits et les heures où il a conduit avec ses horaires de travail, des informaticiens pourront établir une distinction relativement précise entre les kilomètres effectués à titre professionnel et ceux parcourus à titre privé ou pour le trajet domicile-travail.

Il peut être intéressant d’exploiter cette piste. À titre d’illustration, si un utilisateur de véhicule de service habite loin de son lieu de travail, il devra apporter une contribution journalière. En revanche, chaque fois qu’il choisit de se rendre au bureau à vélo les jours où il sait qu’il n’en bougera pas, il pourra en retirer un bénéfice financier.

Par ailleurs, en faisant un lien entre les caractéristiques environnementales de l’automobile et le prix des kilomètres parcourus, on se retrouve devant l’accusation selon laquelle les voitures-salaire sont plus grosses, donc plus énergivores, bien que plus jeunes du fait de leur renouvellement régulier. Le budget alloué à la mobilité multimodale risque en outre d’augmenter.

Il est clair qu’un chaînon manque dans le système actuel des voitures-salaire. Il s’agit du prélèvement kilométrique intelligent. Il est urgent de considérer ce point.

Enjeux des dispositifs pour la mobilité alternative et de la carte carburant

Étant donné que la voiture de société peut aussi bien être utilisée pour les déplacements professionnels que privés, à condition que le bénéficiaire paie un ATN (Avantage de toute nature), sa valeur ne doit pas être sous-estimée. Cela vaut aussi bien pour sa valeur en termes de pouvoir d’achat que de diminution ou d’évitement des coûts de réparation ou d’entretien pouvant parfois être élevés.

Il est vrai qu’une voiture-salaire n’est pas toujours attribuée suivant de réels besoins professionnels. En effet, de nombreux employés l’obtiennent automatiquement dans l’unique but de maîtriser les coûts de main-d'œuvre.

Rarement, une réflexion est portée sur le fait que cela répond aux besoins de mobilité ou encore aux souhaits des salariés ou des employeurs. À ce titre, le budget de mobilité et l’allocation de mobilité représentent une avancée. Toutefois, leur progression n’est pas encore suffisante.

Il est nécessaire de mener une recherche plus profonde sur les revenus disponibles, le profil professionnel ainsi que l’enchaînement logique suivant lequel le véhicule de service devient systématiquement la voiture de famille par défaut.

Toujours est-il que les kilomètres gratuits jouent immanquablement un rôle, au moins par rapport à la manière dont les bénéficiaires de voiture-salaire voyagent en famille. À ce propos, la suppression de la carte carburant peut paraître efficace. Cependant, lorsque l’on tient compte des déplacements professionnels, son retrait devient finalement inutile.

Retour au de page