Les grands défis financiers d’Air France-KLM pour 2022

KLM Boeing 747

Depuis le début de la crise sanitaire en 2020, Air France-KLM a pris du plomb dans l’aile. Face aux lourdes pertes des deux années précédentes, le groupe a dû s’endetter massivement pour survivre. Le consortium doit maintenant rembourser ces dettes et accélérer sa transformation. Son calendrier financier 2022 s’annonce très chargé.

L’industrie du transport aérien a été l’une des premières à sombrer sous le coup des confinements et des restrictions sanitaires visant à limiter la propagation du Covid-19. Les compagnies aériennes se sont vues obliger de clouer une partie de leur flotte sur les tarmacs, tandis que d’autres ont été contraintes de faire voler à vide des avions pour conserver leurs créneaux d’atterrissage et de décollage. Tous ces facteurs combinés ont causé 162,5 milliards d’euros de pertes cumulées aux compagnies aériennes en 2020 et 2021, selon l’IATA. Air France-KLM supporte environ 9 milliards d’euros de cet énorme déficit. Le groupe compte bien se relever dès 2022.

Un plan de transformation et des investisseurs à convaincre

Afin de rembourser son crédit professionnel garanti par les États français et néerlandais, le groupe Air France-KLM a besoin d’assainir rapidement sa situation financière. Ses dirigeants viennent d’annoncer l’accélération du plan de transformation entamé depuis 2020. Juste avant la crise sanitaire, le groupe a officialisé la suppression de 8 700 postes à la fin de l’année. En parallèle, Air France s’engage aussi à diminuer de 12 % son offre « navette » sur les grandes lignes intérieures, dans un contexte de chute historique des voyages d’affaires. Le plan de transformation du groupe inclut également :

  • La création de nouvelles cartes d’abonnement ;
  • L’optimisation des process d’achat.

Récemment, KLM et Transavia ont expérimenté ce nouveau process lors d’une commande groupée d’aéronefs moyen-courrier auprès d’Airbus. Le plan de transformation ne prévoit pour le moment aucune nouvelle réduction d’effectifs. Les salariés français du groupe bénéficient encore de l’indemnisation du chômage partiel jusqu’à la fin de 2022, un avantage qui pourrait être prolongé en 2023 si l’État accepte la requête des syndicats. Tous ces efforts de réduction et d’optimisation des coûts s’inscrivent dans une démarche globale visant à assainir les comptes d’Air France-KLM et convaincre les investisseurs d’injecter plus de fonds dans l’entreprise. La tâche s’annonce ardue.

Pour garder la confiance des investisseurs, Air France-KLM doit être en mesure d’afficher un Ebitda légèrement positif pour l’exercice 2021. Les analystes tablent actuellement sur un excédent brut de 117 millions d’euros pour l’année qui vient d’écouler. Le groupe devrait aussi prouver sa capacité à réaliser une marge d’exploitation de 7 à 8 % à l’horizon 2025. Il est encore loin de cet objectif, avec une marge qui plafonne à 4 % en 2019.

Jusqu’à 6 milliards d’euros pour assainir les comptes

Durant les deux années précédentes, l’alliance Air France-KLM a obtenu plus de 14 milliards d’euros d’aides de la part des États néerlandais et français. Ses fonds propres restent largement déficitaires, avec une balance négative de 5,5 milliards d’euros. Selon le Code de commerce, le groupe a jusqu’à fin 2023 pour rétablir cette anomalie.

En interne, les dirigeants d’Air France-KLM estiment avoir besoin de 6 milliards d’euros pour y parvenir. Des estimations extérieures avancent un chiffre avoisinant 4 ou 5 milliards d’euros. Dans tous les cas, les dirigeants du groupe ont reçu l’autorisation des actionnaires pour réaliser une augmentation de capital pouvant atteindre 8,3 milliards d’euros d’ici à 2023. Une partie de cette opération aura lieu cette année, pour un montant situé entre 1 et 2 milliards d’euros. La participation des actionnaires à cette levée de fonds reste incertaine.

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