L’UE envisage de créer une bad bank pour se débarrasser des crédits toxiques de la crise

retrait bancaire

Pendant la crise sanitaire, les entreprises européennes se sont ruées sur les crédits bancaires pour reconstituer leur réserve de trésorerie ou financer leur BFR. Cet endettement massif atteint aujourd’hui un niveau inquiétant. L’Europe réfléchit sérieusement à réactiver une structure de défaisance utilisée pour la dernière fois lors de la débâcle financière de 2008.

L’épidémie de Covid-19, en plus d’être une catastrophe sanitaire et humaine, contamine l’ensemble du tissu économique européen. Les confinements successifs ont porté un rude coup aux entreprises, surtout aux PME.

Le ralentissement économique consécutif à la crise sanitaire a d’ailleurs été fatal pour certaines entreprises, contraintes à la faillite. Pour survivre, la majorité des entreprises ont dû se tourner vers le crédit bancaire et les différents plans d’aide déployés en urgence par les gouvernements.

Ces prêts massifs font désormais peser un énorme risque sur les finances des banques, d’où l’idée de créer une bad bank pour assainir les actifs les plus toxiques.

Des tensions naissantes sur le paiement des crédits

Urgence sanitaire oblige, les gouvernements et les institutions financières ont ouvert les vannes du crédit professionnel pour sauver l’économie européenne. Dès juin 2020, les banques de l’UE disposent au total d’un encours de 26 000 Mds€ de produits dérivés, de crédits et autres financements accordés aux entreprises et aux particuliers. Ce volume est en hausse de 7 % par comparaison avec l’année précédente.

En France, la progression en octobre était de 12 %, pour un encours de crédit qui s’approche de la barre des 1200 Mds€, dont plus du dixième en PGE. Pour les emprunteurs, cette manne financière tombe à pic, vu les difficultés auxquelles ils font face. Pour les banques, la situation commence en revanche à être tendue.

L’ABE note effectivement une augmentation des signes de difficulté de remboursement du côté des entreprises. Même si les prêts impayés restent à un niveau relativement stable, les contrats considérés comme à risque ont sensiblement augmenté.

L’ABE en identifie 23 % de plus par rapport à décembre 2019. En cas d’impayés sur ces crédits toxiques, les banques devront puiser dans leurs réserves pour se couvrir et rogner en même temps sur leur capacité de produire de nouveaux prêts.

Une structure de défaisance pour éponger les prêts toxiques

Pour les autorités européennes, il est vital de préserver les banques en ces temps difficiles. La Commission européenne croit trouver le remède : la bad bank qui est un dispositif qu’elle a déjà utilisé lors de la grande crise financière de 2008. Cette structure de défaisance, si elle voit le jour, sera chargée de collecter tous les prêts à risque des établissements financiers européens.

Ces derniers, ainsi débarrassés de ces contrats toxiques, en ressortent avec un bilan intact ou quelque peu affecté. Une bad bank permettrait aux banques de continuer à produire des prêts aux entreprises et jouer ainsi un rôle majeur dans la relance économique attendue après la crise sanitaire.

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