L’autorité bancaire européenne alerte sur les risques des moratoires accordés aux entreprises

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Dans une étude dévoilée fin novembre, l’Autorité bancaire européenne souligne le rôle majeur joué par les reports de remboursement dans la sauvegarde de milliers d’entreprises de la zone euro. Ces moratoires représentent plus de 800 milliards d’euros. Le régulateur s’inquiète, malgré tout, des risques que représentent ces mesures sur la stabilité financière de l’Europe.

Dès les premières semaines du premier confinement généralisé en Europe, les banques de nombreux pays européens, avec l’accord des gouvernements, ont accordé des reports de remboursements de prêts aux entreprises les plus touchées par la crise. Selon les chiffres de l’Autorité bancaire européenne, les entreprises françaises, avec plus d’un quart des moratoires, ont en le plus bénéficié.

Même si ces dernières clament leur confiance vis-à-vis de la capacité de remboursement des sociétés, l’ABE se montre plus prudente. Le régulateur européen redoute notamment les éventuels effets secondaires de ces mesures sur la stabilité financière des banques et des entreprises de la zone euro.

Des risques majeurs sur les bilans des banques

Dans son rapport, l’Autorité bancaire européenne ne s’oppose pas à la distribution de crédit professionnel aux entreprises en difficulté à cause des deux confinements causés par la pandémie de Covid-19. Elle alerte néanmoins sur les risques qui pèsent sur la santé financière des banques en cas de prolongement des moratoires, censés être un dispositif d’urgence.

À l’approche de l’échéance des reports, le régulateur craint un effet de falaise qui pourrait mettre les entreprises bénéficiaires dans une situation fâcheuse. Avec une reprise économique moins forte qu’attendu, les prêts non performants pourraient aussi nuire aux bilans des banques.

Cette hypothèse est encore plus probable connaissant les dernières évolutions de l’épidémie. Face à la recrudescence des contaminations et l’apparition d’une nouvelle souche plus virulente, les gouvernements européens se montrent davantage enclins à maintenir, voire renforcer les mesures de restrictions sanitaires.

Ces décisions s’accompagnent toujours de mesures de soutien aux entreprises, dont font partie les reports de remboursement de crédits. Bénéfiques à court terme, ces moratoires peuvent altérer à long terme la stabilité financière des banques.

Les régulateurs appellent à une plus grande prudence des banques

Dans son rapport, l’EBA note que 17 % des prêts reportés présentent un risque de « stade 2 », selon la classification des normes IFRS 9. Autrement dit, ces contrats obligent les banques à plus se couvrir pour éviter les défauts de paiement. Les superviseurs des banques européennes appellent ainsi à une plus grande prudence, par le biais d’un renforcement de l’évaluation de la qualité des actifs de ces prêts à risque.

Leur volume est important, sachant que 871 milliards d’euros de crédits d’entreprise ont profité des moratoires cette année, dont 255 milliards d’euros rien qu’en France.

Les PME européennes sont les plus grandes bénéficiaires de ces reports, avec 16 % du total. Viennent ensuite les :

  • prêts immobiliers (13 %) ;
  • prêts hypothécaires (7 %).

Derrière la France, l’Italie et l’Espagne complètent le podium des pays ayant accordé le plus de moratoires, avec respectivement 156 milliards et 187 milliards d’euros de crédits concernés. Toutefois, les banques françaises se veulent rassurantes. Selon les chiffres de l’ABE, elles ont accordé les moratoires sur 7 % seulement des encours totaux, une proportion loin de celles qui sont constatées :

  • au Portugal ;
  • en Hongrie ;
  • à Chypre.
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