Bpifrance dresse un bilan contrasté des PGE accordés aux entreprises

capture ecran du site BPIFrance

Le mécanisme des prêts garantis par l’État a sauvé des milliers d’entreprises d’une situation en apparence inextricable lors des deux confinements de 2020. À l’heure de faire un bilan du dispositif, Bpifrance salue l’efficacité de l’aide sur le niveau de trésorerie des bénéficiaires et note en même temps la réalité des risques de défaillance.

Mises en difficulté par l’effondrement des flux de liquidités pendant la crise, les entreprises ont trouvé leur salut dans les PGE. Ce prêt à taux réduit leur a permis de financer leur besoin de trésorerie et de reconstituer leurs réserves de cash en prévision des mauvais jours.

Néanmoins, elles devront honorer leurs obligations et rembourser ce crédit, une réalité qui inquiète les dirigeants politiques et les créanciers. Face à la menace de défauts de paiement en cascade, le gouvernement joue la prudence et confirme le report d’un an des premiers remboursements du prêt. Cette décision n’empêche pas Bpifrance d’anticiper un niveau assez élevé de défaillances.

Succès confirmé pour les prêts garantis par l’État

Selon Bpifrance, le bilan 2020 des prêts garantis par l’État, un crédit professionnel à taux avantageux ciblant les entreprises en difficulté, est globalement satisfaisant. L’instrument rencontre un franc succès auprès des PME de tous les secteurs plus ou moins touchés par les deux arrêts d’activités consécutifs à la crise.

Grâce à cette manne financière, ces entreprises ont pu reconstituer leurs réserves de cash et résister tant bien que mal à une reprise jusqu’ici morne. Outre les PGE, les crédits bancaires classiques ont également profité de l’appétence des entrepreneurs pour des sources de liquidités accessibles et à coûts raisonnables.

Cette ruée vers les financements bancaires implique toutefois une augmentation du taux d’endettement des compagnies, une situation handicapante pour leur capacité d’investissement et pour leurs projets de développement.

Bpifrance observe déjà les premiers effets de cet endettement massif :

ImportantLes actionnaires et dirigeants se montrent plus réticents à l’idée d’ouvrir leur capital à de nouveaux entrants,

Une attitude compréhensible, mais qui pourrait leur priver de l’assise financière et du soutien stratégique d’investisseurs fiables. La tendance actuelle montre également un ralentissement de la distribution de PGE – entre 70 et 200 millions d’euros par semaine.

De son côté, le PGE dédié au secteur touristique n’a pas vraiment décollé, de la même manière que le programme mis en place par Bpifrance pour renforcer les fonds propres des entreprises.

Un risque de défaillance assez élevé des entreprises

Autre information clé du bilan de Bpifrance : la majorité des bénéficiaires d’un PGE (65 %) n’ont pas encore décaissé les fonds provenant de cet emprunt. Ces entreprises préfèrent réserver ces liquidités à une situation de crise encore plus grave que celle qu’elles ont vécue en 2020, un défaut de paiement par exemple.

ImportantUn tel évènement s’avère très probable pour 5 à 10 % des entreprises ayant souscrit au PGE,

Selon Philippe Brassac, président de la Fédération bancaire française.

Guillaume Pepy, à la tête du réseau Initiative France, se montre encore plus pessimiste : 70 % des PGE des TPE seraient promis à une défaillance selon lui. Bpifrance et la Banque de France anticipent aussi une sinistralité assez élevée, même si leurs projections se limitent entre 4 à 7 % des prêts aidés. En chiffres, cela représente environ 50 000 faillites d’entreprises cette année et 60 000 autres en 2022, selon les estimations d’Euler Hermes.

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