Largement déficitaires il y a un an, les comptes de Moderna se portent bien grâce aux grosses commandes pour son vaccin à ARN messager Spikevax. La biotech américaine se veut très optimiste pour ses résultats financiers de cette année et au-delà. Outre son vaccin, la firme fonde beaucoup d’espoir sur d’autres molécules prometteuses.
La société américaine Moderna était encore quasiment inconnue dans le paysage pharmaceutique avant l’épidémie de Covid-19. Son statut a complètement changé en un peu plus d’un an, après qu’elle est arrivée deuxième de la « course » au vaccin contre ce virus. Aujourd’hui, la biotech se révèle incontournable dans la stratégie vaccinale de dizaines de pays dans le monde.
Son vaccin à ARN messager confirme en effet son efficacité, même sur les nouveaux variants. Cette réussite se répercute logiquement sur les états financiers de la compagnie, qui a désormais suffisamment de liquidités pour poursuivre son ascension fulgurante.
En un an, Stéphane Bancel, PDG de Moderna, est passé du statut de dirigeant d’une biotech ayant du mal à trouver un financement entreprise à celui de patron d’une des firmes les plus lucratives au monde. Ce bouleversement fait suite au succès du vaccin Spikevax, dont l’efficacité après 6 mois s’élève à 93 % (contre 94 % deux mois après la deuxième injection). En comparaison, le vaccin Pfizer-BioNTech offre une protection de 84 % « seulement » après six mois.
Le patron de Moderna lui-même explique cette différence par la concentration plus élevée en ARN messager dans le vaccin Spikevax. Cet antidote contient 100 microgrammes d’ARNm par dose, contre 30 microgrammes pour le produit Pfizer-BioNTech. La compagnie ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle travaille actuellement sur un booster qui doit être injecté entre six mois et un an après la deuxième dose, pour augmenter le nombre d’anticorps. Les résultats encourageants des essais cliniques confortent la position adoptée par la firme, qui estime que des rappels de vaccination contre le Covid seront nécessaires à l’avenir.
Face à cette perspective, Moderna prévoit de lancer de nouveaux boosters qui intègreront les variants Covid connus, mais aussi les autres virus de la grippe comme le RSV. À terme, la biotech ambitionne de commercialiser un vaccin unique qui compte plusieurs molécules d’ARNm ciblant plusieurs maladies respiratoires. En parallèle, la société poursuit les recherches autour de ses autres molécules destinées à la prévention ou au traitement :
Les grandes ambitions de Moderna sont peu surprenantes, compte tenu de l’année exceptionnelle qu’elle vient de passer. Durant les six premiers mois de l’année, la compagnie a engrangé 6,3 milliards USD de revenus, pour 4 milliards USD de bénéfice net. Un an auparavant, elle accusait un déficit monstre de 241 millions USD et un chiffre d’affaires de 75 millions de dollars. Lors de la présentation de ces résultats semestriels, la biotech américaine a revu à la hausse les revenus générés par Spikevax en 2021.
Ce vaccin devrait rapporter 20 milliards de dollars cette année, soit 800 millions de plus que ce qui était prévu auparavant. Le laboratoire annonce aussi que toute sa production de 2021 a déjà été réservée. La compagnie a commencé à signer de nouveaux contrats, d’une valeur de 12 milliards USD, au titre de ses capacités de production de 2022.
