On connait déjà les conséquences de l’épidémie de Covid sur la santé, l’économie, le moral des étudiants, le trafic aérien et sur la pollution urbaine. AAA-Data vient de rappeler un autre effet de la pandémie : le vieillissement du parc automobile en France, un phénomène qui est d’une logique inquiétante.
L’état global du parc roulant français était déjà inquiétant bien avant 2020. Puis, la crise sanitaire est venue chambouler les habitudes des conducteurs et des propriétaires, qui sont nombreux à sortir du garage de vieilles voitures polluantes et à mille lieues des normes de sécurité en vigueur. Il y a aussi ceux qui ont repoussé le remplacement de leur ancien véhicule par un modèle plus récent et plus écologique. Le résultat est peu reluisant : en un an, l’âge moyen des automobiles en circulation en France a augmenté, alors qu’au même moment, les routes accueillent 1,6 million de voitures supplémentaires.
Vue d’Europe, la flotte automobile de la France est le mauvais exemple à ne pas suivre, contrairement à celle de l’Allemagne ou des pays scandinaves, par exemple. L’âge moyen du parc monte à 10,6 ans au 1er janvier 2020, et frôle les 11 ans (10,8 ans) douze mois plus tard. Cette dégradation est bien entendu liée aux conséquences du Covid-19 sur les comportements des conducteurs et des propriétaires auto. Selon les observations d’AAA-Data, plusieurs ménages ont ressorti de vieux véhicules de leur retraite pour faire face aux contraintes exceptionnelles imposées par le virus. Ce choix se justifie par leur crainte d’attraper la maladie dans les transports en commun… et par la facilité avec laquelle ils peuvent réparer leur ancienne voiture.
Une simple révision chez le garagiste local suffit généralement à ces ménages pour remettre sur route un véhicule qui affiche certes un kilométrage élevé, mais qui reste dans un état convenable. Le réalisme des Français en matière de mobilité pendant la crise est louable sur le plan sanitaire. Leur choix se révèle néanmoins lourd de conséquences d’un point de vue environnemental. Sortir de leur retraite de vieux modèles diesel ou essence ne cadre pas vraiment avec les efforts du gouvernement en faveur des voitures plus vertes, comme les modèles électriques et les automobiles fonctionnant au biocarburant ou à l’hydrogène.
Important Même si ces voitures « écologiques » coûtent encore plus chères, elles bénéficient de la vignette Crit’Air, un pass permettant de se déplacer librement dans les Zones à faibles émissions (ZFE) et pendant les pics de pollution.
Les véhicules anciens, classés 3 ou plus, n’ont pas ce privilège. Or, plus de 43 % du parc roulant français entrent dans cette catégorie interdite de circuler durant les épisodes de pollution et dans les ZFE.
Selon AAA-Data, l’état du parc automobile en France constitue le reflet d’une situation économique et financière compliquée due à la crise sanitaire. Le ralentissement de l’activité a fait perdre une part importante de leurs revenus à des millions de ménages, qui se trouvent obligés de repousser l’achat d’une nouvelle voiture.
En conséquence, le nombre de véhicules en circulation augmente –
Important 40,8 millions début 2021 contre 39,2 millions en janvier 2020 -,
et leur âge moyen ne descend pas. Le marché du neuf enregistre seulement 1,7 million d’immatriculations et 200 000 voitures envoyées à la casse grâce à la prime de conversion.