Les entreprises corses face aux perspectives sombres de l’après-Covid

Vue aérienne du port de Bastia, Corse

Qu’adviendra-t-il des entreprises corses lorsque la crise du coronavirus prendra fin ? Plusieurs scénarii sont envisageables, selon les analystes, mais les plus probables présagent un avenir peu rassurant pour ces compagnies. Tout dépendra de l’ampleur de la relance économique, des capacités d’adaptation des entrepreneurs et des répercussions des mesures de soutien du gouvernement.

Les entreprises corses, comme celles de la Métropole, ont grandement souffert du coup porté par la crise sanitaire sur l’économie nationale. Privées de cash, elles se sont ruées en masse vers les dispositifs d’urgence mis en place par le gouvernement, dont le :

  • fonds de solidarité ;
  • prêt garanti par l’État.

Toutefois, les effets des aides financières s’estomperont tôt ou tard, et les bénéficiaires devront alors affronter les effets de la crise sans cette perfusion temporaire. De l’avis d’un expert, cela conduira probablement à une multiplication des cessations d’activités courant 2021, à moins d’une intervention étatique sous forme de mesures spécifiques pour les acteurs de l’économie corse.

Des défaillances évitables avec des aides spécifiques et des réajustements

Dans une interview avec un quotidien économique corse, Sébastien Ristori, analyste financier et directeur d’entreprise, évoque la possibilité d’une succession de faillites d’entreprises corses en 2021, à partir de mars plus précisément. Selon lui, les véritables effets de la crise sanitaire se feront ressentir après mars, quand l’État va remballer les bouées de sauvetage sous forme de :

Le risque de défaillances est encore plus grand avec la dépendance extrême de l’économie corse au tourisme et la vulnérabilité des microentreprises et des TPE, qui constituent l’essentiel des acteurs économiques de l’île.

Ce scénario catastrophe a de fortes chances de se réaliser si la relance économique et la reprise de la consommation tardent à venir. Même si les dirigeants d’entreprise entament une procédure de sauvegarde, les difficultés remonteront à la surface si l’activité économique ne suit pas. L’analyste financier, qui est aussi professeur en stratégie de PME à Kedge Business School et à l’Université de Corse, soumet l’idée d’un panel de mesures spécifiques pour les opérateurs économiques de l’île, l’objectif étant de les aider à survivre à 2021. D’un autre côté, il recommande aux entreprises de continuer à se réinventer.

Les défis post-Covid des entreprises corses

Dans son analyse, Sébastien Ristori soulève un point rarement évoqué par les observateurs, celui des compensations des dispositifs exceptionnels mis en place durant la crise. Du côté de l’État, de nouvelles coupes budgétaires et mesures fiscales sont à prévoir dans les prochaines années, pour récupérer, du moins en partie, les importantes sommes débloquées pour maintenir l’économie à flot. Avec ce possible nouvel impôt, il y a aussi le risque de détérioration de la situation financière qui n’épargnera aucune entreprise, même celles ayant bénéficié d’un PGE.

Au contraire, ces entreprises bénéficiaires devront faire face à un mur de dettes fiscales et sociales, sans pouvoir emprunter davantage à cause de la dégradation de leurs capacités d’endettement. Et les chiffres montrent que plusieurs compagnies corses pourraient se retrouver dans cette situation. Environ 6 500 entreprises ont effectivement souscrit un PGE en 2020, pour un encours total de 909 millions d’euros. Les PME corses ont aussi bénéficié de 65 millions d’euros en fonds de solidarité, sans oublier les mesures d’activité partielle décidées par plus de 10 000 entreprises.

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