L’intermédiation devient un obstacle au financement des entreprises en Tunisie

littoral en Tunisie

Pour les petites et moyennes entreprises tunisiennes, il reste difficile d’investir dans des projets de développement en raison du manque de financement. Et pourtant, il existe bel et bien des aides financières, provenant généralement de partenaires étrangers, mais auxquelles elles n’ont parfois pas accès. La responsabilité des intermédiaires financiers est ainsi remise en cause.

Constituant 90 % du tissu économique du pays, les petites et moyennes entreprises jouent un rôle majeur dans la croissance économique de la Tunisie. Compte tenu de la place qu’elles occupent, l’État est particulièrement impliqué dans leur développement, en leur accordant des aides financières, qui sont quasiment présentées dans chaque loi de finances.

Ces lignes de financement ne font cependant aucune différence lorsque les bénéficiaires n’y ont même pas accès. Bien souvent, seules quelques-unes des entreprises concernées connaissent et profitent de leur existence. De meilleures initiatives sont ainsi attendues des banques et des structures publiques en charge de leur gestion pour une meilleure utilisation des lignes de crédit existantes.

De nouvelles mesures déjà en place

Afin de faciliter l’accès aux lignes de crédit disponibles, le gouvernement tunisien ne compte plus sur les seules interventions des structures publiques et des établissements financiers en charge de faire la liaison avec les entreprises concernées.

Important En avril 2019, il a mis en place une nouvelle loi qui encadre les investissements, dont les textes d’application ont été rendus publics en juin dernier. Celle-ci vient donc s’ajouter aux vingt-quatre lois qui ont depuis toujours réglementé les investissements en Tunisie.

Son objectif est de renforcer les réglementations existantes et d’appuyer leur application pour obtenir de meilleurs résultats concernant la distribution des crédits et le développement des investissements.

Concrètement, cela consiste à éradiquer les sources de dysfonctionnement qui empêchent l’accès aux lignes de financement disponibles. Ces problèmes font effectivement obstacle aux investissements que peuvent réaliser les entreprises tunisiennes, pouvant ainsi restreindre la croissance économique du pays.

La redynamisation des investissements s’inscrit donc également dans les objectifs des nouveaux textes de loi. Pour ce faire, les autorités tunisiennes savent qu’il faut un accès équitable aux crédits et mettre en place un système de distribution transparent.

D’autres solutions sont également avancées pour favoriser cette équité, dont la digitalisation, qui permet de supprimer l’intermédiation et d’assurer la traçabilité des lignes de financement mises à la disposition des entreprises concernées.

Les entreprises handicapées par le favoritisme

Néanmoins, la digitalisation est déjà présente. La Banque centrale de Tunisie communique par exemple à travers son site lorsqu’un crédit professionnel est disponible. Les entreprises peuvent ainsi y trouver une liste des lignes de crédit, à l’exemple :

  • des 155 millions de dollars proposés par le Programme de financement du commerce arabe, disponibles depuis janvier 2019 ;
  • de la ligne de crédit espagnole d’un montant de 25 millions d’euros utilisable depuis août dernier ;
  • ou du crédit italien de 73 millions d’euros disponible depuis 2013.

Toutefois, ces lignes de crédit parviennent bien souvent aux seules entreprises qui travaillent avec des experts-comptables ou des informateurs collaborant avec les banques. Il en est de même chez les organismes publics en charge de gérer les investissements (chambres de commerce, APII, commissariat au développement agricole, etc.) et leurs divisions régionales qui partagent ces informations uniquement aux entrepreneurs qu’ils connaissent.

En plus de ce favoritisme, il existe un manque de communication et de sensibilisation apparent. Les intermédiaires financiers, banques ou autres institutions, se focalisent effectivement sur les commissions qu’ils peuvent percevoir, sans se soucier de l’accès aux crédits par l’ensemble des entreprises bénéficiaires.

Par conséquent, les lignes de crédit sont souvent mal distribuées et ne sont que rarement utilisées dans leur intégralité. L’État entend bien résoudre cette défaillance avec ses nouvelles dispositions.

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