La plateforme de crowdlendind Unilend va mettre ses clés sous la porte

concept crowdfunding

Les taux d’intérêt bas, la suppression de l’ISF et de l’ISF PME, un marché fortement départagé… Tous des paramètres qui, au final, ont eu raison d’Unilend. La plateforme, qui revendiquait le titre de pionnier du crowdlending, déclare actuellement être en cessation de paiement après plusieurs années d’existence et des centaines de projets financés.

Le marché du crowdlending, un financement participatif autre que le crowdfundind, est très fragmenté. Une poignée d’acteurs seulement tiennent ses rênes, ce qui rend la concurrence plus rude. Et les récentes réformes, notamment la substitution de l’ISF, n’ont pas amélioré la situation. Ni la politique des taux bas d’ailleurs qui, selon certains experts de l’épargne financière, menace la continuité de l’activité.

Pour preuve, la plateforme de crowdlending, Unilend, est en train de déposer son bilan. Et elle n’est pas la première à avoir emprunté ce chemin. Après cinq années de contribution au développement de plus de 400 projets, et trois tours de table réussies, la Startup laisse aujourd’hui à son prestataire de paiement le soin de rembourser ses créanciers.

Une situation qui tend à s’amplifier

Unilend a débuté ses activités de crowdlendind en novembre 2013. Faisant partie des pionniers de cette solution de financement en France, elle a contribué à la réalisation de 427 projets, dédiés essentiellement à des entreprises de petite envergure.

Et cela, grâce aux 15 000 prêteurs actifs qui ont adhéré à la plateforme pour un financement à hauteur de 33 millions d’euros environ.

Ayant profité de trois levées de fonds d’une valeur totale de 11,5 millions d’euros, Unilend bénéficiait également de l’apport en capital de Bpifrance, 360 Capital Partners, New Alpha AM et Ventech. De plus, elle détient deux statuts assez conséquents :

  • Conseiller en investissements participatifs ou CIF ;
  • Intermédiaire en financement participatif (IFP).

Sa notoriété ne l’empêche pas toutefois de se confronter à une cession d’activités. S’il s’agissait au début d’une rumeur, l’enseigne a récemment confirmé se trouver actuellement en cessation de paiements. D’après le communiqué qu’elle a adressé à ses collaborateurs :

« Après cinq années passées à aider les Français à accéder à des prêts provenant des entreprises, Unilend cesse ses activités ».

Il ne s’agit apparemment pas d’un cas isolé. En effet, Finsquare lui a précédé, en étant la première à avoir déposé son bilan. Son fonds de commerce a, par la suite, été racheté par Lendix en avril 2016. Ce dernier, leader dans son domaine, fait partie du cercle fermé qui accapare les meilleurs dossiers sur le marché.

Cette situation, ajoutée des taux bas et de la suppression de l’ISF/ISF PME a suscité la rétractation des plusieurs prêteurs. Ce qui est défavorable pour les acteurs du secteur, comme l’a plaidé Nicolas Lesur, à la fois dirigeant d’Unilend et vice-président du FPF (Financement participatif France), dans ces propos :

« Aucune plateforme n'est rentable aujourd'hui. Selon moi, le marché est mort, sans remontée des taux ».

Nicolas Lesur.

Une gestion de remboursements entre de bonnes mains

Le baromètre établi par le site Crowdlending a révélé qu’Unilend se plaçait en septième position dans le classement des plateformes exerçant dans le domaine. Les crédits professionnels qu’elle a octroyés depuis janvier 2018 sont estimés à 3,6 millions d’euros. Les données statistiques du site ont révélé qu’il doit actuellement 11,9 millions d’euros de capital. À cela s’ajoutent des intérêts s’élevant à 971 000 euros.

Interrogé par le magazine Capital, Nicolas Lesur a cependant tenu à rassurer les prêteurs :

« Nous avons discuté depuis 10 jours avec l'autorité de contrôle, l'ACPR, et nous avons trouvé une solution pour les prêteurs. Ils ne perdront pas leur mise et seront remboursés comme prévu, et dans les temps ».

Nicolas Lesur.

En effet, la Société financière du porte-monnaie électronique interbancaire (SFPMEI), qui est le prestataire de paiement du site, a pris en main la gestion des remboursements des bailleurs. Il va suivre également de près les dettes des PME en cas d’insolvabilité de ces dernières.

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