Le constat d'une augmentation des investissements des entreprises, mais des freins demeurent

Un homme sur des pièces euros

Le redressement économique de la France semble se poursuivre, à en croire les résultats d’une étude récemment publiée par l’assureur-crédit Euler Hermes. Deux tiers des entreprises tricolores envisagent ainsi de maintenir leur niveau d’investissement de 2016 pour cette année. Pour 53 % des PME et ETI ayant participé à l’enquête, l’investissement est « offensif » puisqu’il doit financer une hausse des capacités de production, l’augmentation du budget R&D, le lancement d’une nouvelle activité ou des opérations de croissance externe.

Investissements en hausse en 2016 grâce à une conjoncture favorable

Tous les indicateurs sont revenus au vert pour les sociétés françaises. D’une part, leurs problèmes de trésorerie, tout comme leurs surcapacités de production, ont considérablement diminué. D’autre part, la construction bénéficie du dynamisme du marché du logement.

En parallèle, le gouvernement Hollande a mis en place des mesures telles que le CICE afin de réduire le coût du travail, et ainsi, permettre aux entreprises de remonter leurs marges, investir davantage et créer des emplois.

Les conséquences sur les chiffres de l’investissement sont notables. L’Insee parle d’une croissance globale de 0,9 % et 2,7 % respectivement en 2015 et en 2016 et un record de +4 % pour les entreprises. Quant au taux d’utilisation des capacités de production pour le mois d’avril, il a atteint 83,6 %, signant ainsi sa meilleure performance depuis mi-2008.

Selon l’Insee, 2017 pourrait néanmoins connaître un ralentissement à cause de la fin de la mesure de suramortissement fiscal.

Euler Hermes, de son côté, anticipe une progression encore plus importante de l’investissement des entreprises avec la mise en œuvre des propositions du nouveau président.

Ce sont : l’exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des Français, le retrait de 6 points des cotisations sociales employeurs en lieu et place du CICE, et l’instauration de la contribution sociale généralisée (CSG) en remplacement des cotisations employés.

L’assureur-crédit annonce par ailleurs une amélioration de la visibilité sur le carnet de commandes des sociétés tricolores, à 6,4 mois l’année dernière (+1,4 mois par rapport à 2015).

Des investissements en hausse qui peinent à se voir sur la croissance et l’emploi

Malgré ces signaux positifs, 51 % des PME et ETI sondées déplorent la pression sur les prix. Par ailleurs, l’augmentation des investissements ne se reflète que peu sur l’économie.

La Fabrique de l’industrie, un laboratoire d’idées regroupant des industriels, explique ce paradoxe en premier lieu par la très forte concentration des dépenses d’investissement.

70 % en effet sont réalisés par 3000 entreprises, essentiellement des grands groupes, alors que le taux d’investissement des petites et moyennes entreprises reste faible.

Le manque d’efficacité de l’investissement serait également dû à son utilisation, pas assez tournée vers l’innovation. Un des freins est la durée de la période d’incubation, suivie d’une croissance accélérée. Or, le crédit bancaire classique est peu adapté, alors que le financement des entreprises en capital est insuffisamment développé en France.

Enfin, l’importance des importations (15 %) dans les investissements des entreprises aussi limite leurs retombées sur la croissance et les embauches.

Faute de débouchés, le déficit d’investissement de l’Hexagone reste donc élevé, à 38 milliards d’euros, et 35 milliards en fin 2018. Pour le combler avant les 15 ans estimés sur la base du rythme actuel, une politique proactive s’impose. Les 50 milliards d’euros prévus par le plan d’investissement quinquennal représentent un premier pas important dans cette direction.

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