La situation financière d'IDFM se détériore

calculs financiers

Ile-de-France Mobilités, l'autorité chargée de la gestion des transports en commun franciliens, peine à trouver l'équilibre financier. La chute du trafic, causée par la crise sanitaire, est venue aggraver une situation déjà fragile, en raison de plans d'investissements surdimensionnés par rapport aux revenus et à la capacité de désendettement de l'organisme.

Depuis 2020 et le début de l'épidémie en France, les passagers désertent les transports en commun franciliens pour des raisons sanitaires et professionnelles. D'un côté, la crainte d'une contamination pousse les usagers à revenir à leur voiture personnelle ou à adopter d'autres solutions de mobilité, telles que le covoiturage, le transport du personnel organisé par l'employeur ou le vélo. Puis, il y a ceux qui télétravaillent, souvent avec les encouragements de leur entreprise. Cette nouvelle fait perdre de l'argent aux transports en commun d'Île-de-France, dont les finances n'ont de cesse de se dégrader selon un rapport récent de la Cour des comptes.

Des solutions limitées pour des problèmes de fond

Sauvée de justesse par les aides sous forme de crédit professionnel et d'avances remboursables de l’État, IDFM doit trouver le moyen d'équilibrer ses finances le plus rapidement possible. Plusieurs options sont envisageables. Dans son rapport, la Cour des comptes suggère notamment de faire évoluer le niveau du pass Navigo, qui n'a pas augmenté depuis 2019.

Les sages de la rue Cambon proposent d' accroître de 2,5 % par an le prix du pass jusqu'en 2026, puis d'appliquer une revalorisation annuelle de 3 % au-delà. Cette idée risque fort de déplaire aux consommateurs, à un moment où tous les pouvoirs publics essaient d'encourager l'abandon des voitures personnelles au profit des transports en commun. La Cour des comptes avance une autre proposition : reverser à IDFM une partie des plus-values immobilières des entreprises et des collectivités.

L'institution estime que les nouvelles gares et stations mises en œuvre par IDFM aident à mieux valoriser les biens situés dans et autour des zones desservies par ces infrastructures. Les magistrats de la Cour évoquent d'autres pistes de réflexion, dont la hausse des contributions financières de Paris et des départements franciliens dans le budget d'IDFM. La réponse des concernés ne s'est pas fait attendre : leur participation progresserait déjà au même rythme que l'inflation. Les autres points soulevés par la Cour sont plus difficiles à appliquer. La hausse de la TICPE et la mise en place d'un péage urbain pour l'automobile constituent en effet un non-sens politique et social.

Une lente reprise du trafic préjudiciable à IDFM

Dans l'attente de solutions radicales et réellement efficaces, IDFM voit sa situation financière se dégrader. Selon la Cour des comptes, la capacité de désendettement de l'autorité francilienne passera de 15 à 23 ans entre 2026 et 2031. Et encore, cette prévision s'appuie sur un scénario favorable où les Franciliens renouent avec les déplacements quotidiens en RER et en métro. Les magistrats du palais Cambon croient identifier la source du problème.

Les investissements menés par IDFM seraient trop importants par rapport au trafic réalisé sur l'ensemble des lignes sous gestion. À cause de la chute des fréquentations, IDFM essuie une perte de recettes tarifaires estimée à 2,4 milliards d'euros ces deux dernières années. Malgré la compensation de l’État, l'organisme francilien supporte 90 % de ce préjudice. Ce déficit financier n'est pas près de se résorber : le trafic des bus et du réseau ferré ne devrait pas retrouver un niveau normal avant 2024.

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