Les PME culturelles peinent toujours à emprunter auprès des banques

 emprunt bancaire

Les entreprises culturelles subissent aussi les conséquences économiques de l’épidémie de Covid-19. À la différence des autres PME, elles ont plus de difficulté à se financer à travers le circuit bancaire classique. Ces difficultés constituent un frein à leur relance et à leur développement, alors que le secteur fait face à de nombreuses mutations.

Traditionnellement, les PME culturelles reposent plus sur les financements publics que sur le crédit bancaire. Et pour cause, elles subissent depuis toujours une exclusion financière, voulue ou non. Pourtant, leurs activités pèsent beaucoup sur l’économie française, sans oublier leur rôle crucial en matière de dynamisation des territoires et de soutien à l’emploi.

Afin de corriger cette « anomalie », des enquêteurs ont tenté d’identifier les facteurs à l’origine des difficultés de financement du secteur culturel et artistique. Dans leur rapport, ils pointent du doigt les incompréhensions et les divergences d’idées entre les banques et les entrepreneurs culturels. La faible demande de crédit et le modèle économique du secteur pèsent aussi sur la balance.

Le paradoxe de l’auto-exclusion financière des PME culturelles

Les entreprises artistiques et culturelles ont souvent besoin d’un financement ou d’un crédit professionnel pour se développer, surtout durant leur phase d’amorçage. À ce stade, les aides et les subventions publiques sont loin d’être suffisantes. Les banques apparaissent dès lors comme la solution la plus évidente, sauf que les entrepreneurs culturels ne raisonnent pas ainsi. Les faits montrent qu’ils se tournent rarement vers le crédit bancaire pour se financer.

Beaucoup préfèrent négocier des avances ou trouver d’autres sources de trésorerie, au lieu de s’endetter et perdre leur autonomie. La lourdeur et la complexité des procédures d’emprunt en rebutent aussi plus d’un. Une part significative d’entreprises culturelles s’oppose au crédit bancaire pour des raisons éthiques. Pour elles, s’associer à des institutions à logique capitalistique ou qui ne partagent pas leurs valeurs n’est pas compatible avec l’exercice de leur vision de l’art.

Une incompréhension qui gagne à être résolue

Du côté des banques, plusieurs établissements évoquent l’obstacle du risque financier inhérent au secteur artistique et culturel. Ce « marché » repose essentiellement sur une économie de notoriété et sur des petites structures à faible rentabilité et sous-capitalisées.

ImportantLes faits démontrent que le taux de défaut des entrepreneurs artistiques est pourtant faible.

Les refus de prêt résultent ainsi d’une incompréhension des particularités des entreprises culturelles par les banques et non d’un quelconque risque ressortant d’une analyse des critères de solvabilité et de rentabilité.

Les banques ont la capacité de financer des projets culturels et artistiques, à condition d’en saisir et accepter les spécificités. L’analyse technique d’un financement dans ce secteur s’intéresse plus au cash-flow qu’à la structure du bilan. Les PME culturelles, quand elles contractent un prêt, cherchent avant tout des fonds pour leurs besoins d’exploitation, qui couvrent :

  • les coûts des montages ;
  • les répétitions ;
  • les avances sur production.

Les entrepreneurs apprécient les banquiers capables de comprendre ces nuances, et qui sont prêts à entretenir une relation de confiance, de proximité et à dimension humaine sur le long terme. Les auteurs de l’étude suggèrent l’instauration de structures bancaires territoriales, basées sur des modèles de partenariats public et privé, pour mieux soutenir financièrement les PME culturelles.

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