Le temps de travail devrait être revu selon l’âge des salariés

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Depuis peu, la question de l’emploi est revenue au centre des préoccupations des élus et des employeurs. Les entreprises françaises doivent en effet s’adapter au vieillissement de leurs employés. La réforme Macron-Delevoye repose d’ailleurs en partie sur le maintien des 55 à 64 ans dans le monde de l’emploi, tant que leur condition de santé et de travail le permet.

Ces dernières années, le marché de l'emploi a évolué dans l’Hexagone. Le pays a toutefois tendance à perpétuer certains schèmes archaïques en la matière. En effet, la France a longtemps préféré laisser le chômage se développer au lieu de rendre le monde de l'emploi plus flexible. Logiquement, les jeunes comme les plus âgés ont eu peur du déclassement social pendant une quinzaine d’années.

Actuellement, l'emploi tend à progresser du côté des non-diplômés, notamment grâce au SMIC zéro charge. Toutefois, les entreprises ont toujours des difficultés à recruter pour des postes plus qualifiés. De ce fait, les salariés seniors sont plus que jamais précieux en raison de leur grande expérience.

Ajustement du temps de travail en fonction de l’âge

Pour s’adapter à un système intégrant les seniors, il faut avant tout accepter de revoir certains principes typiquement français concernant la durée légale du temps de travail. En effet, l’idée selon laquelle les plus de 45 ans n’ont plus leur place en entreprise est totalement déconnectée de l’évolution des mœurs et des progrès technologiques. Il s’agit d’un archétype du siècle dernier renvoyant au mode de travail posté.

L’enjeu réside désormais dans la capacité de l’entreprise à exploiter au maximum les ressources dont elle dispose. Eu égard au vieillissement de la population, il devient inéluctable de penser à mettre à contribution le savoir-faire capitalisé par les plus anciens.

Les employeurs peuvent notamment envisager de transposer la logique à l’origine des 35 heures à toute une vie de travail pour améliorer cette transition.

Concrètement, il serait intéressant d’aménager le temps de travail du salarié au cours de sa carrière, suivant son métier et son rythme biologique. Ainsi, les 20 à 35 ans, par exemple, pourraient travailler au-delà de 39 heures par semaine. De 35 à 50 ans, le temps de travail pourrait varier entre 35 et 39 heures, en fonction des secteurs considérés et de l'exposition du salarié à la fatigue.

À partir de 50 ans, cette durée pourrait être réduite progressivement, pour passer sous les 35 heures selon les conditions de travail. D’ailleurs, la dernière partie de la carrière du salarié devrait surtout être consacrée à la transmission de compétences et éventuellement à la production.

Par ailleurs, grâce à la réforme Delevoye, le calcul des droits compte moins les dernières années de la vie professionnelle. En effet, l'assiette considérée se base sur la cotisation versée tout au long d’une carrière. De ce fait, le salarié ne devrait pas être désavantagé s’il travaillait moins peu avant sa retraite.

Intégration des seniors dans le monde du travail

Désormais, parallèlement au développement de l’assurance professionnelle, le marché de l’emploi dans l’Hexagone est devenu nettement plus fluide. Toutefois, le taux d’emploi chez les seniors est encore insuffisant dans l’ensemble.

Dans le monde de l’entreprise, le terme « senior » est employé pour qualifier les salariés âgés de 45 ans et plus. Pourtant, au quotidien, un quadragénaire, femme ou homme, est généralement considéré comme une personne en pleine possession de ses moyens.

Appelée « jeunisme », cette tendance amène les entreprises françaises à négliger des ressources précieuses, à savoir l'expérience et les compétences. De plus, les salariés les plus âgés sont porteurs de savoirs et de traditions de production inestimables.

Il est donc impératif de revoir la perception de l’âge dans le monde de l’emploi, surtout dans une société vieillissante. Par ailleurs, les Français ne peuvent pas envisager de travailler plus longtemps, si le marché du travail ne reconsidère pas en parallèle ses principes concernant l’employabilité des 55 ans et plus.

Dans un sens, le système des préretraites constitue aussi un blocage non négligeable dans cette démarche. La France a en effet trop souvent abusé de la retraite anticipée dans le cadre des restructurations des grandes entreprises pour éviter les crises sociales.

En parallèle, l'assurance-maladie et l'assurance-chômage continuent d’indemniser des millions de personnes âgées de 60 à 62 ans. Il peut s’agir de faux retraités, de demandeurs d'emploi, d’individus en arrêt longue maladie ou encore en incapacité de travail. En tenant compte de ces retraités cachés, plus de 14 % du PIB du pays se retrouve affecté aux retraites.

Avec la réforme Macron-Delevoye, il est possible et même conseillé de rester actif jusqu’à 64 ans au moins, tant que son travail et sa santé le permettent. Cependant, les cas de fatigues exceptionnelles pourront toujours partir plus tôt.

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