Les startupper voient une opportunité à travers la cession d’entreprise

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Pour de nombreux dirigeants d’entreprise, ouvrir le capital de la société ou en perdre le contrôle est une fatalité. Ce qui n’est pourtant pas le cas pour ceux à la tête des startup qui y voient une opportunité permettant de pérenniser leurs activités sur le long terme. Les entrepreneurs bordelais spécialisés dans ce domaine sont en effet unanimes sur cette idée.

« Vendre sa startup : réussite ou échec ? », c’est la question à laquelle les participants à la conférence-débat qui s’est tenue à Bordeaux récemment devaient répondre.

Il en ressort que les acteurs-clés du domaine composés de startupper bordelais et d’intervenants financiers et juridiques sont du même avis sur un point, la cession se présente comme le meilleur choix pour garantir le futur de l’entreprise. Et ce, notamment lorsque l’activité doit répondre à un besoin financier majeur.

Ces derniers sont également unanimes sur le fait que pour y parvenir dans les meilleures conditions, certains paramètres doivent être étudiés de près.

Une opportunité, non une fatalité

En ce qui concerne les startupper bordelais, procéder à la cession d’entreprise est une opportunité, non une fatalité. Pour développer l’activité ou faire sortir la société d’une mauvaise passe, cette option peut en effet s’avérer aussi fructueuse qu’un prêt professionnel en matière de financement si l’on croit ces derniers.

Ce serait bien le cas pour Samboat qui aspire faire son entrée sur le marché mondial. Pour y parvenir, cette plateforme de location de bateaux entre particuliers a dû céder une partie de ses actions entre les mains de la Maif pour un montant considérable d’un million d’euros quitte à devenir actionnaire minoritaire. À son fondateur de préciser :

Conserver la majorité du capital n’était pas nécessaire, mais il fallait quand même organiser les tours de cession. En 2018 nous recherchions un fonds pour nous développer à l’échelle mondiale et recherchions un industriel. C’est ainsi que nous avons rencontré Dream Yacht Charters.

Pareille situation pour Kazoart, le spécialiste des ventes en ligne d’œuvres d’art qui a ouvert son capital à différents investisseurs qui détiennent désormais près de la moitié de son capital pour le faire passer de 200 000 euros à 850 000 euros. Une situation que sa fondatrice Mathilde Le Roy voit d’un bon œil en affirmant que :

La levée de fonds permet d’aller plus loin, plus vite, et de pénétrer des marchés coûteux, comme ceux des États-Unis ou de la Chine par exemple.

Mathieu Llorens partage également cet avis en soutenant que cela permet de renforcer la structure sur le long terme et d’en garantir l’équilibre financier. À ce dirigeant d’AT Internet d’ajouter :

Il faut être profitable ou au moins équilibré pour s’autofinancer. Nous n’avons pas disparu lors de l’attaque du marché par Google, car nous menions déjà une politique très prudente.

La prudence est de mise

Il va sans dire que ces startupper bordelais ont trouvé en la cession d’entreprise une façon positive de développer leurs activités d’une façon pérenne. Toutefois, la prudence est de mise en tenant compte de différents paramètres cruciaux.

Dans ce sens, François Lafont, l’un des intervenants de cette conférence-débat a mis le point sur la valorisation de l’entreprise sujette au refinancement ou à la cession en affirmant que :

Il est important de ne pas trop valoriser l’entreprise, a prévenu ce spécialiste. Parce que quand on rachète il y a toujours des problèmes de rentabilité en jeu.

Ainsi, cet expert en ingénierie financière de la CEAPC (Caisse d’épargne Aquitaine Poitou-Charentes) incite les entrepreneurs intéressés par cette solution à prendre en compte le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement en soutenant que :

Pour évaluer la rentabilité de l’entreprise, on s’intéressera à l’EBITDA.

De son côté, Julie Peitregnet, un autre participant apporte un éclaircissement quant à la procédure à suivre en s’exprimant en ces termes :

L’accompagnement de l’entreprise jusqu’à la levée de fonds se fait sur les plans juridique et fiscal. Ce qui implique d’intervenir le plus en amont possible, dès la lettre d’intention. La société cible va être auditée sous toutes les coutures fiscales, juridiques, etc. Les questions juridiques et fiscales arrivent très tôt et vous aurez donc à rencontrer des avocats.

Aussi, cette avocate d’affaires incite le dirigeant à faire attention face aux éventuelles conditions de l’acheteur en mettant en exergue la clause de non-concurrence que ce dernier pourrait imposer en rajoutant que :

Il ne faut jamais oublier qu’une cession d’entreprise peut ne pas aboutir et il faut prévoir des clauses de confidentialité et de non-débouclage.
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