Marché des obligations entreprises : une rentrée sous tension

un professionnel au travail

Fin août, sur le marché des obligations entreprises, les levées de fonds ont franchi la barre des 10 milliards d’euros. Parmi les emprunteurs, le groupe de pneumatiques Michelin réalise sa plus grande levée obligataire, d’un montant de 2,5 milliards d’euros en trois tranches. Siemens et Total ont levé respectivement 2,75 milliards en trois tranches et 1,25 milliard en deux tranches.

Un contexte peu propice aux émissions

Le point commun entre ces opérations, outre leurs montants élevés : une durée relativement longue. À titre d’illustration, chez Michelin, les investisseurs ont surtout plébiscité la tranche à 12 ans, pour laquelle la demande s’élevait à 2,6 milliards d’euros. Et les ordres pour la tranche à 20 ans ont même atteint 2,2 milliards. Pour les experts, l’attrait des investisseurs pour les durées plus longues prouve la qualité du crédit.

D’autres entreprises sont également attendues sur ce marché. En effet, traditionnellement, à l’ouverture du marché, les emprunteurs attendent qu’il y ait eu quelques opérations significatives avant d’émettre des obligations.

Un bon nombre d’entreprises ont cependant préféré jouer la carte de la prudence suite aux agitations en fin de printemps. La guerre commerciale sino-américaine et les problèmes de la dette italienne entretiennent une certaine volatilité, peu favorable aux émissions.

Au total donc pour cette rentrée, pour toutes les catégories de notation, les émetteurs ont réussi à lever 230 milliards d’euros. Les prévisions pour 2018 tablent pourtant sur un volume supérieur à 350 milliards. L’an dernier, les montants levés s’élevaient à 246 milliards.

Une fenêtre de tir réduite pour les entreprises

De l’avis des spécialistes,

les entreprises n’ont plus que peu de temps pour profiter des conditions de financement actuelles, pour l’heure très avantageuses.

En effet, une tendance haussière des taux se profile. Il en va de même pour les primes exigées par les investisseurs. Pour cause, une augmentation du volume des émissions est attendue en septembre.

Important Il y a ainsi de fortes chances pour que les investisseurs exigent des primes élevées, sans oublier le poids du contexte géopolitique et l’arrêt prévu à fin décembre des achats nets d’obligations par la Banque centrale européenne.

Déjà, la BCE a réduit de manière considérable ses acquisitions de titres. Et bien que l’institution se soit engagée à réinvestir les sommes remboursées à l’échéance de ces obligations, il est encore difficile d’en estimer les montants et les impacts.

Ce qui est sûr, c’est que ces « réinvestissements » ne seront pas aussi efficaces que les investissements directs. Aussi, le retrait de la BCE sur le marché secondaire aura de lourds impacts sur le marché primaire. Le contexte sera par conséquent moins favorable pour le financement des entreprises.

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