Le financement du commerce international est, depuis toujours, un vrai parcours du combattant du fait de son long processus manuel, depuis la fourniture de documents papier jusqu’au contrôle. La création de Komgo, issue de l’association de plusieurs entreprises de grande envergure va changer la donne. La digitalisation de ces opérations, par le biais de la Blockchain, est au cœur des priorités de la société.
Aucun doute, l’adoption de la technologie de registre distribué est une solution efficace pour digitaliser les procédures trop harassantes du « Trade Finance ».
C’est l’essence même de la Blockchain qui a contribué efficacement au succès d’une expérimentation sur un contrat d’expédition de graines de soja, partant des États-Unis en direction de la Chine, dont la réalisation a été faite en temps record en janvier dernier.
Une quinzaine d’entreprises, dont de grandes banques, des expertes en négoce et un géant pétrolier, ont d’ailleurs compris cet atout, en fondant tout récemment Komgo S.A. Cette dernière aura recours au concept de la Blockchain afin de simplifier le financement du commerce de matières premières.
Le processus du Trade Finance, nom communément utilisé pour désigner le financement du commerce international est jusqu’à aujourd’hui très manuel. En effet, la présentation de documents physiques est exigée tout au long du parcours, notamment des pièces justifiant l’identité du client.
Comme le confirme une ex-banquière à la formation d’ingénieure, Souleïma Baddi, qui est actuellement responsable adjointe de l'activité de Trade Commodity Finance chez Société Générale CIB en Suisse :
Le commerce de matières premières utilise encore beaucoup de documents et de papiers, qu'il faut présenter fréquemment. L'identification du client, le KYC ("know your customer"), est l'un des principaux problèmes des acteurs du secteur.
Souleïma Baddi.
Conscientes de la nécessité d’adopter la Blockchain, une technologie permettant d’emmagasiner et de transmettre des informations via un grand registre numérique décentralisé, une quinzaine de grandes enseignes se sont serré les coudes afin de lancer le 21 août dernier Komgo S.A.
Il s’agit en l’occurrence des banques de renom (BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis et Société Générale), du pétrolier Shell et des professionnels du négoce comme Gunvor, Koch Supply & Trading et Mercuria.
D’après Souleïma Baddi, aussi présidente-directrice générale de Komgo, l’initiative venait de Société Générale, à la suite du succès des étapes de validations baptisées « proof of concept » et Easy Trading Connect 1 et 2, réalisés avec Mercuria et ING.
La Startup mise sur la Blockchain afin de digitaliser les diverses opérations. C’est ce qu’ont affirmé les coactionnaires de la jeune pousse dans ces termes :
Komgo S.A. [est] la première entreprise proposant de digitaliser le financement du commerce de matières premières au moyen d'une plateforme utilisant la technologie Blockchain.
Si accéder à un crédit professionnel est devenu actuellement quelque peu difficile, la Blockchain a permis à Komgo d’effectuer une levée de fonds de 15 millions de francs suisses, soit 13 millions d’euros pour le développement de sa plateforme. Il s’agit d’une blockchain Ethereum, dont le nombre d'acteurs autorisés à y accéder est limité.
Les utilisateurs de l’interface pourront bénéficier de deux services d’ici le mois de décembre :
À la dirigeante de Komgo de faire valoir que :
La beauté de la Blockchain est qu'elle permet de transmettre de manière sécurisée des données que les gens s'envoyaient par email, en pièces jointes, qui étaient difficiles à retrouver. Notre plateforme ne verra aucune donnée, il n'y a plus besoin de centraliser.
Mais la technologie Blockchain contribue aussi largement à la restriction des actes frauduleux. Selon Souleïma Baddi :
Le jour où un banquier pourra suivre en temps réel sur son Smartphone le stock de grains ou de métaux dont il finance l'expédition, on fera de grands progrès dans la lutte contre la fraude.
Souleïma Baddi.