Le système financier risque de s’effondrer à cause de l’endettement des entreprises françaises

Rouage du système financier

Les entreprises françaises, qu’il s’agisse de PME ou de grands groupes, ont constaté un accroissement de leur endettement au cours de ces derniers mois. Les sociétés non financières en Hexagone figurent en pole position quant au ratio d’endettement le plus élevé dans la zone euro. Le service de la dette n’a pas diminué, malgré la baisse des taux. La situation est à suivre de près. D’ailleurs, ce contexte a attiré l’attention de la Banque de France, qui a publié un rapport sur les risques du système financier français.

Contrairement aux autres entreprises situées dans la zone euro, les sociétés françaises n’ont pas vu leur endettement baissé, après la diminution des taux d’intérêt. Au contraire, le système financier en Hexagone fait face à une augmentation de l’endettement des firmes, notamment des grands groupes.

Ainsi, dans son rapport du lundi 25 juin sur l’évaluation des risques afférents au système, la Banque de France a relaté les recommandations du Haut conseil de stabilité financière.

Elles concernent le seuil d’exposition des établissements de crédit aux entreprises les plus endettées. La Banque de France a également mis en évidence les différents scénarios possibles quant à la « pentification » des taux.

L’endettement, une tendance générale au sein des entreprises

Le phénomène de l’endettement a pris de l’ampleur pour les grandes sociétés et les Entreprises de taille intermédiaire (ETI). En effet, la tendance n’échappe pas aux PME. Le recours au crédit est donc courant pour financer les besoins des entreprises en France, quelle que soit leur taille. Ainsi, cette situation s’avère singulière comparée aux autres pays de la zone euro.

En effet, l’endettement des sociétés non financières en Hexagone s’élève à 1 645 milliards d'euros en 2017, soit l’équivalent de 71,8% du PIB. Ce pourcentage représente plus que la moyenne observée dans la zone euro.

En raison d’un système d’emprunt à leur avantage, les entreprises françaises présentent le plus haut ratio d'endettement parmi les pays membres de l’Union européenne.

La nouvelle sous-gouverneure de la Banque de France, Sylvie Goulard, a tenu à dédramatiser la situation :

Ce rapport n'est pas un signal d'alarme. Il intervient de manière préventive. Nous avons une certaine attention portée à l'endettement privé et à la partie la moins bien contrôlable, la leverage finance.

Des conditions d’emprunt favorables

L’accroissement de l’endettement des entreprises françaises se justifie en partie par la souplesse des conditions d’emprunt, qu’il s’agisse d’emprunts obligataires ou de crédits professionnels.

Ce phénomène d’endettement peut également s’expliquer par un besoin de financement persistant. Les opérations dites de « leverage buy out », et notamment les obligations à haut rendement dites de « high yield », font partie des systèmes de financement en forte croissance.

Ces financements à effet de levier sont favorisés par la culture du risque du côté des investisseurs, ainsi que par l’assouplissement des clauses contractuelles.

Faire remonter les taux d’intérêt pour baisser la tendance à l’endettement

Après qu’il ait obligé les banques à moins s’exposer aux entreprises surendettées, le Haut conseil de stabilité financière leur a demandé de rehausser leur matelas de fonds propres. Le taux d’exposition correspondrait à 5% des fonds.

L’augmentation des taux pourrait également avoir un impact sur la situation des sociétés non financières surendettées. Parmi les scénarios exposés par la Banque de France figure la hausse des taux longs de 200 points de base.

Cet accroissement pourrait se répercuter sur les prix de vente et le comportement des investisseurs. Ces derniers se tourneront vers les obligations d'État ou celles d'entreprises mieux notées.

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