Les troubles psychiques des salariés intègrent timidement la politique handicap des entreprises

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Plus de quarante ans après sa mise en vigueur, la loi du 30 juin 1975 commence enfin à porter ses fruits. Du moins, en ce qui concerne les troubles psychiques des salariés. Trop longtemps ignoré, ce type de maladie commence petit à petit à se faire une place au cœur de la « politique handicap » des entreprises. Différentes raisons en seraient la cause.

Dépression récurrente, TOC (troubles obsessionnels compulsifs), bipolarité, schizophrénie, paranoïa et addictions de toutes sortes… les maladies psychiques ne manquent pas d’opportunité pour se manifester.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) pense même que d’ici 2020, elles toucheront le quart (25%) des Français si actuellement elles ne concernent que deux millions de la population.

Soit une raison suffisante pour conscientiser les entreprises qui en payent directement les frais en essuyant de multiples impacts non négligeables réduisant leur productivité. Et d’après un sondage initié par Club Être, un bon nombre d’entre elles commencent à en faire leur priorité en intégrant des solutions et des campagnes de sensibilisation à leur « politique handicap ».

Les entreprises sont devenues plus sensibles aux handicaps psychiques

Les troubles psychiques sont depuis toujours très répandus au sein des entreprises. Seulement, les différentes structures préfèrent en ignorer l’existence. De plus, tout semble indiquer qu’il est plutôt difficile de déterminer leur présence si l’on tient compte de l’explication d’un médecin psychiatre :

« Pour qu’il y ait handicap, il faut que les conséquences de ces troubles ou maladies soient durables. En règle générale, les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) délivrent une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) au bout de deux ans minimums ».

Quoi qu’il en soit la situation a changé depuis 2005, quand une législation renforçant la loi du 30 juin 1975 est venue l’officialiser comme étant une situation à prendre en compte dans la « politique handicap » des différents établissements.

Ainsi, les employeurs y sont devenus plus sensibles. Mais tout semble indiquer que ce n’est pas l’unique raison, puisqu’ils ont enfin compris que cette situation impacte directement leur activité.

Il se trouve en effet que d’après la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), il détient la première place parmi les différentes causes d’invalidité et d’arrêt au travail. S’ajoutant à cela, une liste non exhaustive de différents problèmes qui en sont liés comme :

  • La réduction de la productivité et de la fiabilité du salarié ;
  • La croissance des taux d’erreur suite à des problèmes d’attention ou de mémoire ;
  • La déstabilisation du collectif de travail en cas de trouble relationnel, d’absence de limite ou de comportement autarcique ;
  • L’augmentation de la tendance au suicide en milieu de travail.

Les entreprises commencent enfin à prendre les choses en main

Dans le cadre de son enquête, effectuée par Kantar TNS auprès de 240 entreprises, Club Être est parvenu à constater que les pourvoyeurs d’emploi commencent enfin à prendre les choses en main en ce qui concerne l’handicap psychique.

En effet, 57% d’entre eux estiment qu’il est théoriquement nécessaire d’intégrer ce type de trouble parmi leur « politique handicap » si 40% estiment qu’il doit être :

« Une priorité sur laquelle il est important d’agir concrètement ».

Pour la majorité (76%), il s’agirait d’une opportunité à saisir pour renforcer la solidarité interne si d’autres (46%) le voient comme une solution pour améliorer leur réputation tandis que certains (54%) le considèrent comme un moyen pour encourager les salariés.

Ainsi, certains établissements ont d’ores et déjà adopté certaines initiatives comme :

  • La mise en place de sessions de sensibilisation ou de formation ;
  • La réorientation vers des spécialistes externes ;
  • La souscription à une assurance professionnelle adéquate ;
  • L’adaptation de l’espace de travail ;
  • L’aménagement des horaires ;
  • La lutte contre les préjugés.

À Philippe Bouchard, un responsable de la mission handicap chez Randstad France de préciser que :

« Dans tous les cas, chaque programme d’aménagement doit être personnalisé, évolutif et répondre aux besoins du salarié concerné, tout en veillant à ne pas en faire trop. Il doit aussi, dans la mesure du possible, intégrer la hiérarchie et les collègues afin d’éviter toute incompréhension ou jalousie mal placée de la part du collectif de travail ».

Philippe Bouchard.

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