Les grandes écoles et la collecte de dons

bonnet diplome et monnaie

En France, les grandes écoles doivent repenser leur modèle de financement face au risque pesant sur la suppression de la taxe d’apprentissage et au risque de réduction des dotations de l’État. Avec celles des chambres de commerce et d’industrie (CCI), ces dernières sont indispensables même si le budget des écoles repose notamment sur les frais de scolarité.

Devant diversifier leur source de financement, les grandes écoles françaises cherchent des donateurs de tous âges. Polytechnique figure parmi les premières à avoir pris conscience de l’importance des dons. Tous les ans, près de 4 millions d’euros financent par exemple l’ouverture de l’école HEC à de nouveaux publics venant de milieux sociaux défavorisés.

Il faut savoir que parmi les donateurs, on retrouve les alumni âgés entre 50 et 60 ans mais aussi des trentenaires, des entreprises ainsi que des jeunes diplômés. Ces derniers sont en effet incités à effectuer un don dès leur sortie d’école.

Quelles sont les principales ressources ?

Devant l’amenuisement des dotations de l’État et des CCI, les grandes écoles doivent aujourd’hui recourir à de nouvelles sources de financement. La montée en puissance des dons n’est pas un hasard ; les alumni et les chefs d’entreprise y sont sensibles. Patrick Pouyanné, le patron de Total, estime :

Les Américains payent très cher leurs études et redonnent encore plus après. En France, les études d’ingénieurs sont quasiment gratuites mais les alumni ne reversent pas beaucoup. Il ne faut pas s’étonner que leurs établissements sont bien plus puissants que les nôtres...

Patrick Pouyanné.

Les dirigeants d’entreprise et les grandes fortunes incarnent l’archétype des grands donateurs en France. Cependant, les jeunes alumni sont davantage ciblés et sont sensibilisés dès leur scolarité. Thomas Mulhaupt de la Fondation de l’École polytechnique raconte :

C’est très récent mais nous observons un changement de paradigme. Les jeunes diplômés ont compris que l’État ne pouvait pas tout et qu’ils ont un pouvoir exceptionnel en aidant leur école.

Thomas Mulhaupt.

Lætitia de Chabot, déléguée générale de la Fondation Essec, affirme également que :

quel que soit le montant du don, un engagement dès la sortie de l'école est très positif, également pour la suite.

Lætitia de Chabot.

À l’ESCP, les grands donateurs sont des trentenaires parmi lesquels on retrouve Arnaud Petit, Managing Director chez Edmond de Rothschild Corporate Finance, et Frédéric Genta, Country Chief Digital Officer de la Principauté de Monaco. Jérôme Moitry de CentraleSupélec explique que :

la prise de conscience est amorcée mais il manque encore des dons importants comme on peut voir aux États-Unis, avec des jeunes qui font rapidement fortune.

Jérôme Moitry.

Dans la liste des grandes ressources, on distingue également les entreprises. Les grands groupes investissent dans les grandes écoles via la création de chaires d’entreprise. Jérôme Moitry, trésorier de la Fondation CentraleSupélec, indique :

Chez nous, l’investissement moyen d’une entreprise dans une chaire est de 300 000 euros par an.

Jérôme Moitry.

À quoi servira la collecte de dons ?

La collecte de fonds ou fundraising permet entre autres à des étudiants de mener leur projet entrepreneurial grâce à des bourses d’études. Elle peut également servir à financer le cautionnement d’un prêt professionnel et les aides au logement.

À HEC, les anciens ont non seulement un lien affectif avec l’école mais ils trouvent également un intérêt à verser un don. En effet, il faut savoir que des mesures fiscales avantageuses en la matière ont été votées en France.

Ces dispositifs encouragent également les grandes familles d’industriels à reverser une partie de leur fortune aux grandes écoles. Parmi les grands donateurs figurent par exemple les familles et groupes Michelin et Bouygues.

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