Les PME ne sont toujours pas disposées à ouvrir leur capital

 Un professionnel faisant les comptes

Souvent, les petites entreprises sont confrontées à des problèmes de trésorerie et ne parviennent pas à financer leur croissance. Outre le prêt bancaire, l’ouverture de capital est une solution qui peut répondre à leurs besoins de financement. Il semble toutefois que les PME françaises, les enseignes familiales notamment, manifestent une certaine réticence à ouvrir leur capital, de peur de perdre leur indépendance. Pourtant, cette formule constitue à la fois un levier de croissance mais également un moyen de maintenir le modèle familial.

Un grand nombre de PME françaises, notamment familiales, ne disposent pas des fonds propres nécessaires pour financer leur croissance. Elles semblent pourtant réticentes à se tourner vers les modes de financement adéquats : l’augmentation de capital et le prêt obligatoire.

En octobre dernier, le Medef a en effet lancé une plateforme de mise en relation des entreprises avec des partenaires financiers. À l’occasion, l’organisation patronale a invité les sociétés à choisir entre la dette et l’ouverture du capital pour le financement de leurs besoins.

La plupart d’entre elles ont opté pour la première option. De plus, une étude réalisée par la BPI en 2016 révèle que 59% des PME familiales n’ont jamais ouvert leur capital à des investisseurs autres qu’un membre familial.

Pourquoi une telle réticence ?

Si les PME ne sont pas enthousiastes à l’idée d’ouvrir leur capital, c’est parce qu’elles craignent :

  • une perte d’indépendance ;
  • une intrusion dans les affaires familiales ;
  • un formalisme financier contraignant.

C’est ainsi qu’Olivier Schiller, le PDG de l’ETI Septodont, souligne que

l’ouverture du capital peut mener à une perte d’indépendance, voire à une prise de contrôle par un tiers non familial.

Olivier Schiller.

Interrogé par Bpifrance, le dirigeant d’une entreprise familiale de 700 employés va dans le même sens qu’Olivier Schiller. Il affirme :

J'ai volontairement modéré les opérations de croissance externe et privilégié le désendettement afin que le groupe soit le moins dépendant possible du banquier.

Un moyen de pérenniser le modèle familial

Bpifrance indique que les entreprises sont dans le tort en insistant :

Contrairement à une idée reçue, l'ouverture du capital n'est pas la fin du modèle familial. C'est au contraire un moyen de le pérenniser.

Bpifrance.

Selon l’institution, les investisseurs apportent un « regard extérieur » et un nouveau souffle qui sont favorables à la croissance de l’entreprise. Quand un prêt professionnel ne suffit pas à financer les besoins de trésorerie, mieux vaut se tourner vers l’ouverture de capital. Loïc Quentin de Gromard, dirigeant de l’ETI Saverglass, en est convaincu. Il confie :

Nous avons démarré un LBO [leverage buy-out ou financement d’acquisition par emprunt] en 2006 avec Natixis Industrie, Natixis Investissement et Crédit Agricole Private Equity. L'expérience a été extrêmement formatrice. On est toujours persuadé que l'on gère très bien. Cela fait progresser.

Loïc Quentin de Gromard.

Le patron de l’enseigne spécialisée dans la bouteillerie de luxe et le flaconnage haut de gamme explique :

Le verre est une activité extrêmement capitalistique. Il faut que les actionnaires acceptent la longueur du cycle d'investissement. Je sentais qu'on arrivait un peu aux limites.

C’est la raison pour laquelle Saverglass a décidé d’opter pour un LBO qui a grandement contribué au développement de l’entreprise.

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