
À la veille du premier tour de l’élection présidentielle, les émissions de dette d’entreprise sur les marchés financiers français avaient considérablement freiné. Les entreprises avaient en effet opté pour l’attentisme dans leurs emprunts auprès des investisseurs.
En 2017, le « spread » français a enregistré une augmentation. Cet indicateur désigne le différentiel de taux entre les emprunts d’État français et allemands. En revanche, malgré les incertitudes liées aux résultats de l’élection, les obligations d’entreprises tricolores n’ont pas souffert.
Deux semaines avant le premier tour, la prime de risque sur les obligations « corporate » de bonne qualité avait certes progressé, mais de façon modérée. En comparaison, la prime de risque souveraine avait connu une évolution plus marquée, avec une augmentation de 17 points des taux à 10 ans, à 74 points. Les inquiétudes liées au scrutin avaient donc principalement impacté la dette publique.
Selon les spécialistes de Société Générale, sous l’effet de ces mouvements, quelques titres (dont ceux de LVMH, Sanofi ou encore Total), dont la date d’échéance est en 2019, se situaient à des taux inférieurs à ceux des OAT.
Ils avaient néanmoins souligné une différence entre les deux types de dettes privées que sont les obligations financières et les obligations cycliques. En matière de « credit default swaps » ou CDS, caractérisé par une croissance corrélée du prix et du risque de défaut, le secteur financier de l’Hexagone s’était détaché de son voisin outre-Rhin, preuve d’une défiance des investisseurs. Du côté du secteur « cyclique », au contraire, l’heure était à un resserrement.
Selon les professionnels de la SocGen, si l’on se base sur une pure simulation prêt professionnel, d’éventuelles exportations de LVMH d’une production financée par un nouveau franc dévalué entraîneraient une hausse des cash-flows de l’entreprise.
À l’inverse, des groupes tels que Volkswagen, Daimler, ou encore BMW, qui produisent en euros et ont donc des coûts plus élevés, seraient pénalisées à l’export.
Les analystes recommandaient ainsi de proposer des assurances sur les sociétés allemandes et s’assurer sur les firmes françaises, ces dernières étant promises à un avenir radieux, sur la base du scénario favorable aux marchés qu'ils anticipaient pour l’après 23 avril.