Après 41 années d’existence, l’enseigne de mode à petits prix Mim est en train de disparaître. Le tribunal de commerce de Bobigny ayant prononcé sa liquidation judiciaire, 162 boutiques ont fermé et près de 800 emplois vont être supprimés. En plus, le Parquet de Paris a lancé une enquête pour « abus de pouvoir » et « abus de biens sociaux » sur dénonciation des commissaires aux comptes.
Depuis 2014, l’achat de Mim par le fonds d’investissement hongkongais Main Asia a précipité le déclin de l’enseigne créée en 1976. Car en parallèle, un grossiste de vêtements a rapidement pris le monopole du marché des vêtements féminins à petits prix, imposant ses prix et ses coûts de transport et empêchant la mise en concurrence des fournisseurs.
Pénalisée par des produits de plus en plus chers pour une qualité en baisse, Mim est contrainte aux ventes au rabais. Pendant ce temps, le fournisseur réalise des marges confortables directement rapatriées dans une holding à laquelle appartiennent les deux entreprises.
De plus, occupant un poste de direction chez Mim, le gérant du fournisseur prélevait des commissions importantes, entraînant une forte augmentation des prix, de 25 % supérieurs au marché.
Conséquence pour Mim, en 2016, les pertes s’élèvent à 60 millions quand le CA n’est que de 150 millions d’euros. Outre ce conflit d’intérêts, Mim manquait de lignes de crédit pour acheter à d’autres fournisseurs, qui ont déserté.
Une première offre, émise par Compagnie de Clémenty mi-2016 est rejetée par le tribunal de commerce, faute de garanties financières suffisantes. Puis, fin mars, le groupe suisse Tally Weijl et Etam reprennent 71 boutiques, soit 287 salariés.
Ensuite, une vingtaine de salariés de l’entreprise montent le projet de société coopérative ouvrière (Scop) pour sauver 135 magasins sur 158, qui représentent 650 postes sur les 791 menacés par la liquidation. Ils obtiennent même une lettre d’engagement du secrétaire d’État à l’Industrie pour un crédit professionnel de 5,6 millions d’euros destiné à démarrer leur plan de relance.
Malheureusement, les juges refusent le projet, estimant qu’il lui manque la garantie d’un financement effectif et autonome des 9 millions nécessaires au rachat des baux commerciaux et d’un stock minimum.
L’arrivée tardive du projet « peu abouti » est également invoquée par le tribunal. Un constat partagé, puisque selon des proches du dossier, la résolution des problèmes aurait dû intervenir en amont, avant la crise.
La prochaine étape pour Mim est la cession de ses actifs, avec l’espoir d’un soutien financier public pour un éventuel repreneur des magasins restants. Malheureusement, une reprise globale serait financièrement très lourde pour un seul candidat et que le timing est très serré pour que le nouveau président élu puisse intervenir.
Faute de repreneur, les salariés de Mim sont sur le point de se faire licencier, en contrepartie d’une somme d’environ 3600 €, chacun déboursée par l’État pour reclassement du personnel.