Comment se financer sans trop s’endetter lors d'une transmission d'entreprise au Québec ?

Réunion d'entreprise

Avec des taux toujours au plancher et une forte liquidité bancaire, le moment est propice pour se lancer dans une reprise d’entreprise. Pas question pour autant de trop s’endetter au risque de fragiliser l’entreprise et de freiner sa croissance. Voici alors quelques précieux conseils pour financer une transmission tout en évitant le surendettement.

Le financement, l’enjeu principal du transfert d’entreprise

Selon une étude réalisée en février 2017 par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ), près de sept jeunes entrepreneurs et professionnels sur dix (69 %) considèrent l’accès au financement comme le principal obstacle à la transmission d’entreprise.

Pourtant, au Québec, il existe de nombreux organismes qui œuvrent pour faciliter le transfert d’entreprise, tels que PME Montréal, les fonds de travailleurs, la Banque de développement du Canada, la Financière agricole ou encore la Caisse de dépôt et placement du Québec, pour ne citer que quelques-uns. Sauf que ces derniers sont souvent méconnus des repreneurs.

L’étude du RJCCQ montre d’ailleurs que près de huit jeunes entrepreneurs sur dix (85,9 %) ignorent l’existence de dispositifs d’aide au repreneuriat mis en place par le gouvernement. Or, il est important de bien connaître ces organismes, car parfois il faut s’adresser à plusieurs d’entre eux pour boucler le montage financier.

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Prenons le cas d’Investissement Québec. Cette institution ne prête pas plus de 60 % du coût du projet et s’associe généralement avec d’autres co-financeurs, tels que les fonds de travailleurs Desjardins Entreprises Capital régional et corporatif.

Pour espérer décrocher un financement entreprise auprès de cet organisme, le repreneur doit acquérir au moins 50 % des parts et au moins un actionnaire être salarié dans l’entreprise. Si le repreneur rachète moins de 20 % d’actions, Investissement Québec exigera un apport personnel d’environ 10 %, qui ne doit pas provenir d’un emprunt bancaire.

Puis, nous analysons la capacité de remboursement de l'entreprise et nous définirons un niveau de prêt avec nos partenaires, que nous complétons avec de l'équité ou de la quasi-équité par l'intermédiaire de la dette surbordonnée, de la débenture, des moratoires de remboursement ou d'autres facilités de paiement. Nous veillons particulièrement à ce que la dette ne fragilise pas l'entreprise et qu'elle ne l'ampute pas de sa capacité d'investir dans sa croissance

Luc Régnier, directeur régional de l'Est du Québec à IQ

Les banques beaucoup plus souples

Selon Sonia Boisvert, associée, Leader Famille inc. chez PwC, les repreneurs ont plus de chances de décrocher un financement que les créateurs de start-up.

L'entreprise qu’ils reprennent existe déjà. Elle a un historique, un plan stratégique. Si en plus le cédant offre une balance de paiement et reste un peu engagé dans l'entreprise, cela peut être rassurant pour les banques. Actuellement, le repreneur profite aussi d'un vent favorable. Les taux d'intérêt sont bas, mais surtout, les banques ont beaucoup de liquidités à investir

Sonia Boisvert, associée, Leader Famille inc. chez PwC

Un constat partagé par Julie Morand, vice-présidente adjointe, transfert d'entreprise à la Banque nationale (BNC).

Les banques ont un surplus de liquidités et les taux d'intérêt sont bas. L'économie se porte bien et cela modifie un peu leur approche. Elles sont plus enclines à prendre des risques. Certaines banques, comme nous, acceptent désormais de financer des opérations comme les reprises d'entreprise, qui comprennent une bonne part d’intangible et qui ne reposent pas nécessairement sur des actifs donnés en garantie

Julie Morand

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