
Le retournement est une activité prolifique. Thierry Morin, ex-PDG de Valeo, s’est lancé dans l’activité en 2009 et rachète les équipementiers automobiles de second rang en situation de crise. Son groupe, TM France, a ainsi engrangé 120 millions d’euros de revenus depuis sa création.
Au cours de sa mission au sein de Valeo, le fondateur de TM France a justement fait du retournement, l’entrepris accusant une perte de 700 millions à son arrivée. Grâce à un plan rapide et drastique, Thierry Morin et son équipe ont réussi à redresser la barre.
Au travers de TM France, son ambition est de racheter des équipementiers automobiles en proie à des difficultés à cause du manque de capitaux, de la pression de concurrents étrangers ou de conditions commerciales pénalisantes avec les grands constructeurs.
La sélection des petites entreprises rachetées par TM France obéit à plusieurs critères. D’abord, elles doivent appartenir à un marché en croissance pour avoir les meilleures chances de résister aux grosses sociétés.
Par ailleurs, la possession d’une technologie ou d’un savoir-faire particulier comme avantage concurrentiel est déterminante. Enfin, l’équipe joue un rôle crucial.
ImportantPour opérer le retournement, TM France table sur un plan triennal et une mise en œuvre très rapide.
Les différents chantiers sont menés en simultané avec l’appui de quelques talents qui n’ont pas peur de prendre des décisions difficiles et de commettre des erreurs.
Si la méthode peut être perçue comme brutale, le succès est au rendez-vous, comme le prouvent les 120 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisé par le groupe et l’évolution des résultats de certaines entreprises rachetées.
Sintertech, spécialiste du frittage de poudre métallurgique pour l’automobile, a vu ses marges d’autofinancement passer de moins 15 millions d’euros à un chiffre positif, et le nombre de défaillances par lot d’un million de pièces fabriquées est tombé à 0,2.
De son côté, AR Industries (anciennement Française de Roues) a dépassé le point mort pour sa production de roues grâce à une augmentation de 25 % à 150 000 unités, et a considérablement amélioré son niveau de qualité pour rattraper ses concurrents.
Le financement des entreprises en retournement, le soutien actuel provenant presque exclusivement de fonds, qui peuvent dans certains cas se montrer agressifs.
Thierry Morin déplore par ailleurs l’absence d’implication d’organismes tels que Bpifrance ou le Fonds d’Avenir Automobile dans le retournement, ces derniers préférant se focaliser sur les start-ups.
Pourtant, en Allemagne, la contribution des entreprises de taille moyenne à la puissance du tissu industriel prouve l’efficacité du système. Un exemple sur lequel la France pourrait s’inspirer…