L'inefficacité de l’investissement des entreprises à dynamiser la croissance économique

Croissance économique

Alors que l’investissement privé représente 24,4 % de la valeur ajoutée produite par les entreprises tricolores, il ne semble pas efficace. En effet, l’impact de ces dépenses importantes sur l’économie et la croissance est nettement inférieur à celui observé dans les pays voisins. Quelques explications sont avancées par le think tank La Fabrique de l’industrie.

Le prix élevé de l’immobilier

Les coûts de logement et de construction n’ont aucun effet positif notable sur la compétitivité des entreprises. Pour autant, ils ne semblent pas gêner l’investissement productif, puisqu’en 2015, les entreprises industrielles n’ont alloué que 14,4 % de leurs investissements aux bâtiments, un pourcentage moindre par rapport à l’Espagne, à l’Italie ou au Royaume-Uni.

La même année, l’Insee avait même conclu à une vertu de la montée des prix de l’immobilier pour les entreprises en augmentant la valeur de leur patrimoine et simplifiant ainsi l’obtention de crédits bancaires, puisqu’elles présentent une garantie plus importante.

Les contraintes réglementaires

La mise en conformité avec les nouvelles règles, trop onéreuse, est également évoquée. Or, seuls 1/5e des projets d’investissements réalisés pendant l’année 2015 porteraient sur cette mise en conformité d’après l’Insee. Par ailleurs, de telles interventions permettent souvent d’optimiser le processus de production.

Inadéquation des investissements avec les innovations actuelles

À l’heure actuelle, les innovations de rupture sont les vecteurs de croissance, ce qui requiert pour un financement entreprise adapté. Le prêt bancaire, idéal pour financer le rattrapage économique des Trente Glorieuses ne convient plus.

Le capital-investissement est le plus indiqué pour permettre l’incubation d’innovations radicales avec des fonds propres. Or, l’Hexagone n’a investi que 8,2 milliards en capital-investissement en 2015, soit 4,1 milliards de moins que le Royaume-Uni.

Par ailleurs, le tissu productif français peine à se renouveler, les PME et ETI ont du mal à grandir, et les start-ups nationales sont rachetées par des groupes étrangers.

Important Résultat, 3000 entreprises concentrent 70 % de l’investissement privé en France, dont 50 % de grands groupes et 15 % seulement de PME.

Encourager l’investissement des PME

Le taux d’investissement des PME françaises (tous secteurs confondus) est encore trop faible, à 15,2 % en 2015 contre 22,5 % et 23,9 % pour les grands groupes et les ETI. Selon Bpifrance, ces petites sociétés justifient leur frilosité notamment par le manque de rentabilité, la forte concurrence, l’insuffisance de fonds propres.

Pour les encourager, l’État a créé différents dispositifs, pour ne citer que le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et le dispositif fiscal de suramortissement, mais dont les retombées à long terme restent incertaines.

Parmi les raisons du faible investissement des PME dans l’Hexagone, il faut également tenir compte du vieillissement de leurs dirigeants, ces derniers tendant à privilégier la stabilité. La transmission d’entreprises s’impose comme une solution efficace pour inciter les petites et moyennes entreprises à prendre plus de risques.

Besoin de l’investissement public

Malgré 5 milliards d’euros consacrés par les pouvoirs publics au crédit d’impôt recherche pour soutenir la R&D, l’effet sur les dépenses en la matière est moindre, surtout dans le cas des PME.

En outre, pour accompagner leur montée en gamme, les entreprises privées requièrent le soutien de l’investissement public, en particulier par le développement des infrastructures numériques et l’essor de la formation. Sur ces points, promesses de campagne du nouveau président, les observateurs attendent des mesures concrètes.

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