Il y a tout juste un mois, la Tunisie s’est vu accorder une ligne de crédit de 120 millions d’euros par la Banque européenne d’investissement (BEI) destinée au financement des PME tunisiennes. Force est pourtant de constater que, à l’heure actuelle, ces petites structures éprouvent encore des difficultés à obtenir un prêt bancaire. Ces dernières pointent notamment du doigt la complexité des procédures, le taux d’intérêt élevé pratiqué par les banques, mais aussi la rigidité de leurs conditions. Pourtant, la réalité semble toute autre. Qu’en est-il réellement ? Décryptage.
En novembre dernier, la BEI a accordé à la Banque de l’Habitat une ligne de crédit d’un montant de 120 millions d’euros, soit l’équivalent de 360 millions de dinars. Destinée à faciliter l’accès au financement d'entreprises tunisiennes, cette enveloppe devrait être redistribuée à 250 PME qui pourront à leur tour créer des milliers d’emplois. Mais, depuis, rien n’a changé.
Selon de récents sondages d’opinion, les dirigeants de PME déclarent toujours faire face à des difficultés de financement. La faute, selon eux, au coût élevé des prêts bancaires et au déficit de l’offre.
Ils pointent également du doigt les conditions sévères d’octroi de crédit, mais surtout les garanties exigées par les banques qui constituent un véritable frein pour la majorité des petites structures.
Et pourtant, des études laissent entendre qu’il n’existe pas de crise du crédit en Tunisie.
Important Cette impression de resserrement du crédit n’est pas due à une insuffisance de l’offre ou à un durcissement des critères d’octroi, mais au contraire, à un problème au niveau de la demande.
Tout d’abord, ces études rappellent que le taux d’intérêt est très règlementé en Tunisie, dans la mesure où la loi fixe des plafonds au-delà desquels les banques ne peuvent pas consentir des prêts.
Important Ce qui signifie que les coûts de crédit n’ont pas pu augmenter de manière significative ces derniers mois.
Ensuite, les taux d’intérêt effectifs pratiqués par les banques sont plus faibles que les taux d’usure fixés par la banque centrale tous les semestres.
Enfin, les taux d’intérêt réels se maintiennent aujourd’hui à un niveau raisonnable, et la tendance est même à la baisse.
Tout cela pourra dire que le véritable défi actuellement n’est pas tant la frilosité des établissements de crédit à financer les PME, mais plutôt l’incapacité de celles-ci à satisfaire aux conditions exigées par les banques.
Important La plupart des PME sont en effet insolvables, incapables de produire les documents demandés, tels que le business plan, ou encore ont une compréhension limitée des exigences bancaires.