Avant l’entrée dans une période moins favorable avec la tenue des élections, les entreprises ont largement profité des conditions de marché. Au premier trimestre 2017, d’après un rapport de Dealogic, les entreprises ont levé plus de 113 milliards d’euros en obligations, un chiffre en hausse de 30 % sur un an. Toutefois, la progression n’a pas été uniforme.
Entre début janvier et fin mars 2017, par rapport aux trois premiers mois de 2016, les volumes sur le marché obligataire ont réalisé un bond de 30 %. Toutefois, les opérations ont été majoritairement réalisées sur des périodes précises, loin des événements inquiétants pour les marchés : début du mandat de Donald Trump ou l’incertitude autour des résultats d’élections.
Les premières ont été concentrées sur les premiers jours de l’année. Traditionnellement, les émetteurs réguliers profitent de cette petite fenêtre pour profiter du renouvellement des enveloppes des investisseurs. Cette fois, de nombreuses sociétés se sont présentées.
Ensuite, au cours des deux dernières semaines de mars, les émissions ont atteint 27,5 milliards d’euros grâce à une relative stabilité sur le plan politique. En Europe, les marchés ont été rassurés par la défaite des populistes aux Pays-Bas et des sondages qui font reculer la crainte d’une victoire du Front national.
Aux États-Unis, l’évolution des taux reste modérée, du fait de la politique de la Réserve fédérale et des difficultés pour le nouveau président à concrétiser les réformes économiques de son programme.
En France, le brusque relèvement des taux en février a incité certains investisseurs (en particulier les assureurs) à privilégier la dette d’État à la dette d’entreprise pendant une quinzaine de jours pour bénéficier de conditions plus attractives. Bon nombre d’autres ont choisi des maturités moins longues, de 5 à 7 ans pour le financement des entreprises.
Mais l’intervention de la Banque centrale européenne (BCE) a également eu un impact fort sur les émissions en euros, puisqu’elle a acquis 75,4 milliards d’euros de titres, dont un volume important sur le marché secondaire. Le marché primaire a donc accueilli un afflux d’investisseurs « classiques ». Cette offre abondante explique les coûts toujours très faibles de financement pour les entreprises.
Le calme devrait revenir sur les marchés obligataires au cours des semaines à venir, les entreprises comme les investisseurs pourraient jouer l’attentisme, au moins jusqu’au lendemain de la présidentielle.