Comment expliquer la flambée actuelle des prix de certains dérivés ?

 Graphique et argent pour les prix

Sous l’effet de la nouvelle règlementation bancaire Bâle III, les prix de certains dérivés ont explosé au cours des cinq dernières années. Pour certaines entreprises, leurs coûts sont passés de quelques centaines de milliers à plusieurs dizaines de millions de dollars. Plus que jamais, les trésoriers restent très attentifs au calcul du crédit value ajustement.

Explosion des prix de certains instruments de couverture

Pour se couvrir contre les risques de change ou de taux d’intérêt, les entreprises ont recours aux instruments dérivés. Mais depuis cinq ans, les prix de ces produits financiers ont fortement augmenté.

« Étant donné que les sources de financement classiques ne suffisent plus à couvrir les besoins de financement du groupe Orange, il a fallu être inventif. C’est pourquoi nous nous sommes tournés vers les marchés obligataires où nous plaçons régulièrement des emprunts en dollars sur le marché américain ou en livres sterling sur le marché anglais. Et pour faire face aux risques de change, puisque nos besoins sont euros, nous recourons à des cross currency swap, qui permettent de convertir l’emprunt obligataire en devise en dette en euro. Mais alors qu’un cross currency swap de 10 ans ne nous coûtait que des centaines de milliers de dollars quelques années auparavant, ce montant est passé aujourd’hui à près de 50 millions de dollars », souligne Hervé Labbé, président adjoint de l'AFTE (Association Française des Trésoriers d’Entreprise).

Hervé Labbé.

Quelles sont les raisons de cette envolée ?

Plusieurs facteurs ont été avancés pour expliquer cette flambée des prix, notamment l’entrée en vigueur des nouvelles normes prudentielles bancaires.

« Depuis la réforme dite de Bâle III, les régulateurs imposent aux banques d’affecter une partie de leurs fonds propres pour faire face au risque d’insolvabilité. Pour chaque opération, la banque est tenue d’évaluer le risque de crédit qui pèse sur sa contrepartie. Elle calcule pour cela une CVA ou credit value adjustement – la valeur de marché du risque de défaut d’une contrepartie -, dont le prix vient s’ajouter au coût du dérivé »

Jérôme Daviron.

fait valoir Jérôme Daviron, co-président d’un cahier technique récemment publié par l’AFTE. Et c’est ce qui expliquerait cette nouvelle facturation.

Pas de « marges indues »

Mais les trésoriers d’entreprise ne l’entendent pas de cette oreille, eux qui en ont vu de toutes les couleurs en matière de marges bancaires. Ainsi, plutôt que de prendre les arguments des banquiers pour parole d’Évangile, ils ont passé au peigne fin le calcul de ces fameuses CVA.

ImportantEt si la méthode s’avérait assez complexe – plusieurs paramètres entrant en effet dans le calcul d’une CVA –, la hausse des prix, elle, est tout à fait justifiée.

« Pour une fois, il ne s’agit pas de marges indues, reconnait Hervé Labbé. Les nouvelles normes prudentielles entraînent réellement d’importants coûts pour les établissements bancaires. Quand une banque propose un produit dérivé à une entreprise, elle le couvre sur le marché interbancaire et la règle Bâle III exige que les opérations interbancaires soient soldées au jour le jour, soit par clearing soit par collatéralisation quotidienne ».

Hervé Labbé.

Conséquence de cette forte hausse des prix des dérivés, de nombreuses entreprises ont décidé de ne plus se couvrir, quitte à s’exposer aux risques de fluctuations du taux de change.

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