
Alors que l’économie collaborative est en plein essor, Hugues Sibille, président du Labo de l’économie sociale et solidaire (ESS), veut corriger certaines idées reçues et attirer l’attention sur le fait que des plateformes telles qu’Uber, Airbnb ou encore Blablacar ne représentent en rien le principe de communauté et de solidarité.
Les utilisateurs des géants de l’économie « collaborative » sur internet diffèrent de l’économie sociale et solidaire sur les questions des véritables poids et rôle de la communauté. Sans liens réels entre eux, les premiers, et n’ont aucun pouvoir sur le fournisseur de services.
Les seconds en revanche possèdent des parts de l’entreprise qui leur donne une influence certaine sur sa gestion. De même, alors qu’une coopérative rassemble de professionnels pour produire ou vendre mieux et plus, les grands noms de l’économie collaborative se contentent d’exploiter l’outil numérique avec un minimum d’investissement.
La valeur créée par la mise en relation des acheteurs et vendeurs de biens ou de services est donc minime. Pourtant, les plus grands et les plus connus des acteurs du secteur sont valorisés à des milliards de dollars comme Airbnb à 25 milliards USD.
Contrairement à ces sociétés capitalistes, dans une entreprise sociale et solidaire, les sociétaires détiennent le capital et la gouvernance se fait de manière démocratique.
Pour l’expert, il est important de faire la différence entre économie collaborative, économie du partage et économie sociale et solidaire, les 3 ayant des finalités différentes. En soi, la pluralité des formes économiques ne serait pas mauvaise, mais le problème est que certaines ne respectent pas les règles (du travail, règles fiscales…), à l’image d’UberPop.
Pour contrer la croissance fulgurante de l’économie collaborative » capitaliste », la clé est d’entreprendre dans des domaines essentiels en matière d’intérêt général comme la santé, l’éducation ou la culture, mais en appliquant les principes coopératifs de l’ESS.
L’objectif est de généraliser la notion solidaire et permettre un accès libre à tous les services au plus grand nombre, mais aussi favoriser le contrôle par les usagers pour une meilleure équité.
Malheureusement, les entrepreneurs boudent l’ESS. Par ailleurs, l’accès au financement représente un frein majeur alors que la perspective de réaliser une plus-value rapide motive les acteurs du capital-risque à soutenir l’économie collaborative.
Grâce à la loi du 31 juillet 2014, les levées de fonds, y compris pour des sommes plus importantes, devraient être plus simples. En outre, différents organismes œuvrent à la mise en place de financements dédiés. Enfin, il est important que l’ESS se tourne vers les secteurs émergents tels que l’énergie, en particulier la production d’énergie renouvelable.
En France, la coopérative Fermes de Figeac a créé une coopérative de toits pour le photovoltaïque. Le financement participatif a par ailleurs permis l’ouverture d’un parc éolien qui génère un complément de revenus appréciable pour les crowdfunding.
Plusieurs défis attendent l’ESS : accroître sa réactivité, élaborer des stratégies de conquête, sensibiliser le public et multiplier les solutions de financement.