
Les marchés sont surpris par l’appétit croissant de la BCE pour les obligations corporate.
Dans le cadre du plan CSPP, la banque centrale européenne élargit son programme d’achat d’actifs à la dette privée. C’est ainsi qu’elle achète environ 26 milliards d’euros de dettes d’entreprises.
Hong My Nguyen, stratégiste crédit à Natixis, explique que la BCE a acheté 1,8 milliards d’euros de titres par semaine, soit 7,6 milliards d’euros par mois. Il ajoute que ce montant avoisine le double des attentes du marché (entre 3,5 et 4 milliards d’euros).
La boulimie de l’institution monétaire se reflète à travers l’investissement de 2,6 milliards d’euros pour le rachat de dettes d’entreprises par les banques centrales agissant pour son compte. Une première pour la BCE même si la semaine précédant cet achat, elle a déjà investi 2,4 milliards d’euros.
Hong My Nguyen affirme qu’avant le projet CSPP, les spécialistes prévoyaient que l’institution de Francfort accaparerait 45 milliards d’euros de titres au terme de son programme prévu en mars 2017. Il poursuit en présageant qu’en mars, la BCE détiendra 80 milliards d’euros, soit près de 10% des obligations européennes.
Cette augmentation de rythme sur les deux semaines est attribuée au regain d’activité sur le marché primaire en début septembre. Ce retour significatif survient après une pause estivale précoce.
La BCE en a profité pour acquérir de nouvelles émissions, dont, entre autres, celles de Henkel, de Sanofi et plus tard celles de Saint-Gobain. Ces dernières ont emprunté à des taux négatifs sur des maturités de deux à trois ans.
Au-delà de ces statistiques miraculeuses, la détente des coûts de financement des entreprises est générale. Le taux de swap à six ans, taux de référence le plus utilisé pour déterminer la rémunération des obligations d’entreprises, est négatif depuis des semaines.
Pour ce qui est des « spreads », primes par rapport aux taux sans risques demandés aux entreprises, ils sont au plancher. De surcroît, cette tendance se propage aux entreprises dont les titres ne correspondent pas aux critères de la BCE.
Hong My Nguyen déclare que pour les émetteurs non financiers européens de la catégorie investissement, il n’y a pas de différence entre dette éligible et non éligible. Chez les émetteurs étrangers, la surprime est bien réelle, quoique faible. Elle est de 10 points de base en moyenne.