Pierre et Vacances arrête de verser des loyers à ses bailleurs

 une pancarte a vendre

Le groupe Pierre et Vacances gère en France et en Europe des résidences de tourisme, tous secteurs confondus. Son activité figure donc parmi les plus paralysées par la crise sanitaire en 2020. En difficulté, la compagnie vient de cesser de payer ses propriétaires, sous prétexte de faire face à un cas de force majeure.

Les propriétaires immobiliers qui louent leurs biens à Pierre et Vacances ne s’y attendaient pas, ou presque. Début février, le plus grand acteur du tourisme en Europe décide de façon unilatérale d’honorer ses loyers, le groupe évoquant notamment de graves difficultés financières provoquées par un cas de « force majeure ».

La situation agace évidemment les petits propriétaires et les investisseurs, lesquels ont porté l’affaire en justice. L’enseigne touristique, elle, opte pour une procédure de conciliation amiable, dont la finalité reste à définir entre toutes les parties prenantes. Cette mésaventure est symptomatique des entreprises du tourisme pendant la crise sanitaire.

Une activité au ralenti et des caisses en souffrance

Contraints à la fermeture au printemps 2020, puis durant une partie de l’automne, les groupes de tourisme comme Pierre et Vacances ont subi de pleine face les conséquences financières du Covid-19. Même privées de revenus, ces entreprises sont tenues légalement d’honorer les obligations de leur bail commercial.

Le leader européen des résidences touristiques semble avoir du mal à les respecter. Il a donc proposé à ses propriétaires de discuter des modalités de paiement ou de report des loyers impayés durant la crise sanitaire dans le cadre d’une conciliation amiable engagée le 2 février dernier. Les négociations pourraient durer jusqu’à 5 mois.

En attendant le dénouement de cette affaire, Pierre et Vacances s’efforce tant bien que mal de faire rentrer du cash, en ouvrant une partie de ses adresses aux vacanciers.

En février, la société a ouvert près d’une cinquantaine de locations de montagne – un peu plus de la moitié de ses résidences de vacances à la montagne – pour satisfaire les réservations d’une clientèle toujours présente en dépit de la fermeture des remontées mécaniques. Le directeur général, Franck Gervais, estime toutefois que ces ouvertures sont largement insuffisantes pour compenser les annulations des semaines précédentes.

Des loyers garantis mais non payés aux investisseurs

L’absence de flux de liquidités, pour cause d’inactivité, assèche logiquement les caisses de Pierre et Vacances. La situation est telle que l’enseigne annonce une perte nette de 336 millions d’euros sur la période 2019-2020, à laquelle il faut ajouter une chute de presque la moitié du CA.

Dans les faits, cela se traduit par une incapacité à verser les loyers de ses propriétaires durant le premier confinement. En l’absence d’une reprise claire et nette de l’activité, le groupe décide unilatéralement de cesser tout paiement de loyer, invoquant un cas de force majeure. Les investisseurs contestent évidemment ce choix.

Un groupe de 740 bailleurs de cottages dépose ainsi une plainte au tribunal judiciaire de Paris le 5 février afin d’obtenir le règlement des loyers impayés durant le premier confinement.

La Cour aura donc la lourde tâche de trancher entre une compagnie d’envergure européenne, qui clame la suspension du bail et de ses obligations en raison de l’indisponibilité des biens à leur utilisation et un groupe de propriétaires, qui confirment la validité du contrat et continuent d’en payer les charges, même sans percevoir de loyer.

L’affaire est d’autant plus sensible que ces loyers commerciaux sont en principe garantis et couverts par l’aide exceptionnelle de l’État au titre des compensations de 70 % des charges fixes sur une perte de revenus.

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