Le recul des activités des libraires et des commerçants de proximité ne s’explique pas uniquement à travers Amazon

une femme dans une librairie

Voilà des années que dans l’Hexagone, Amazon est pointé du doigt comme étant le principal acteur de la chute des activités des libraires et des commerçants de proximité. Mais en tant que conseiller auprès des collectivités locales et délégué de l’Institut des territoires, Franck Gintrand est bien placé pour dire que cet acteur de l’e-commerce n’est pas le seul à blâmer.

Leur local commercial qui se fait déserter par la clientèle, c’est l’indicateur principal permettant aux libraires et aux professionnels du commerce de détail de constater que leurs activités traversent une période de ralentissement depuis des années.

Dans ce sens, la tendance veut d’ailleurs qu’Amazon soit indiqué comme étant la cause principale de ces maux. Et ce n’est pas faute de le croire vu sa position dominante sur le marché, sauf que ce géant américain est aussi appuyé par d’autres acteurs de l’e-commerce et de la grande distribution. C’est du moins, l’avis de Franck Gintrand mettant en exergue la part de responsabilité des enseignes tricolores comme Cdiscount, Fnac, Cultura, Carrefour ou E.Leclerc.

La chute de la librairie française ne date pas d’hier

Si les librairies indépendantes sont confrontées à des difficultés, là encore aucun doute n’est permis, c’est la faute au géant américain.

C’est en cette phrase que Franck Gintrand résume la position où Amazon se trouve actuellement par rapport à sa part de responsabilité dans la chute de la librairie française. Mais ce spécialiste estime que ce serait une erreur d’y accorder crédit en faisant valoir que ce phénomène ne date pas d’hier. Ce, dans l’optique où le recul de la part de marché de la filière s’est enclenché depuis plus de deux décennies en passant de 32,5% en 1994 à 27% vingt ans après. Et d’ajouter :

C’est après cette période qu’explosent les ventes par internet qui passent de 9,6% en 2008 à plus de 20% aujourd’hui alors que durant cette même période, la part de marché des libraires indépendantes a seulement reculé de 2,5%.

Franck Gintrand.

Dans les détails, cet expert a en outre précisé que parmi ces 20%, Amazon reste un acteur mineur comparé aux enseignes françaises comme Fnac, E.Leclerc ou Cultura. Une situation lui permettant d’ailleurs de dire que d’une manière générale :

Il est impossible de tenir le e-commerce pour responsable des difficultés de la librairie indépendante.

Franck Gintrand.

Pareille situation en ce qui concerne le commerce de détail

Comme pour les librairies, Amazon est aussi tenu pour responsable du phénomène de désertion constaté auprès du commerce de détail. Mais une fois de plus, Franck Gintrand s’accorde à dire que la réalité est quelque peu différente en soulignant que :

Alors que le e-commerce représente 20%, la grande distribution alimentaire et spécialisée a préempté 45% du marché sans susciter la moindre émotion.

Franck Gintrand.

Une manière pour ce délégué de l’Institut des territoires de faire savoir que la grande distribution y joue un rôle majeur en précisant que sur les 20% attribué au commerce en ligne, Amazon détient la moitié. Et d’ajouter :

La grande distribution pèse aujourd’hui plus de deux fois que le e-commerce, sachant que celui-ci est pour partie constitué des sites internet d’enseignes bien physiques.

Franck Gintrand.

Plus encore, cette part, le géant américain le partage avec Cdiscount, son concurrent principal qui est de pure souche française selon ce responsable ajoutant que :

Comme Amazon, Cdiscount vend de tout ou presque. Entre les deux purs players, il n’existe en fait aucune différence de métier.

Franck Gintrand.

Retour au de page