Peu motivés à retourner au bureau, les Britanniques mettent les commerces de proximité en danger

commerces à Londres

Afin de limiter les risques de contamination du coronavirus tout en s’assurant la continuité des activités, le Royaume-Uni est l’un des nombreux pays à accorder davantage d’importance au télétravail. Une stratégie qui a fait ses preuves, sauf qu’à la longue, elle a fini par mettre en péril les commerces de proximité en s’acharnant sur la filière restauration.

Depuis 1er août 2020, les entreprises britanniques sont libres de choisir entre faire revenir au bureau leurs employés ou les laisser continuer de travailler à partir de chez eux en optant pour le télétravail. Tout simplement parce qu’il s’agit de l’une des stratégies adoptées par le Premier ministre Boris Johnson à mi-juillet dernier dans le cadre de la lutte contre l’épidémie du coronavirus.

Et selon les données de l’agence think tank Centre for Cities, un spécialiste du développement de l'économie urbaine, tout indique que la majorité a opté pour le confort de leur maison.

Une mauvaise nouvelle pour les commerces de proximité qui, depuis le début de la crise, ont vu leurs ventes s’effondrer à cause de la désaffection des centres et notamment des quartiers d'affaires désertés depuis des mois les forçant à plier bagage et à réduire leurs effectifs.

Les Britanniques ont choisi le confort de leur maison

Après la décision de Boris Johnson, think tank Centre for Cities a constaté que depuis début août, seuls 17% des salariés ont décidé de reprendre les chemins du bureau. Une façon de dire que les Britanniques ont choisi le confort de leur maison en accordant davantage d’importance au télétravail.

Ce qui, en ces temps de crise sanitaire, peut paraître comme une bonne nouvelle et à la fois un énorme bond dans l’évolution du monde du travail, sauf que ce n’est pas sans risque pour certains secteurs d’activité. Entendons par là les commerces de proximités représentés par les petits commerçants, les cordonniers de quartiers, les marchands de journaux, les restaurateurs et les sandwicheries qui voient leur local commercial faire face à un phénomène particulier, la désertion de la clientèle.

En effet, tout indique que ce choix est une menace pour ces derniers qui ne pourront plus compter sur la présence de la majorité de leurs clients. Ces derniers ayant décidé de continuer de rester chez eux, alors que ce fut déjà le cas depuis le début de la crise conduisant les professionnels à enregistrer des pertes colossales et forçant certains d’entre eux à déposer le bilan.

Une raison suffisante pour inciter certains parlementaires ainsi que la Confederation of British Industry à exhorter Boris Johnson à revenir sur sa décision craignant que ce choix ne fera qu’accentuer la désaffection dont les quartiers d’affaires et les centres-ville font l’objet au risque de les transformer en villes fantômes.

Des milliers d’emplois menacés

Pour la Confederation of British Industry et les parlementaires, la situation est claire, les Britanniques doivent majoritairement reprendre le chemin du bureau. La raison est simple, la situation actuelle est une menace pour des milliers d’emplois qui, comme susmentionnée, impactera les travailleurs rattachés aux commerces de proximité en s’acharnant essentiellement sur la filière restauration.

Pour s’en convaincre, l’on pourrait prendre en exemple qu’en juillet :

  • SSP, ce spécialiste de la restauration dans les gares et les aéroports a supprimé 5 000 postes ;
  • La sandwicherie Greggs a mis un terme à son programme d'ouverture de magasins ;
  • Le Pain Quotidien a fermé 11 restaurants après avoir été sauvé de la faillite par un rachat par BrunchCo et a supprimé 200 postes.

Et ce n’est que le début puisqu’il y a très peu de temps, la chaîne de restauration Prêt À Manger a aussi annoncé la suppression d’un tiers de ses effectifs en mettant à la porte 2 890 salariés dont 90 auprès du service support et 2 800 dans les magasins. La raison, ses ventes ont chuté de 60% depuis le confinement et continuent d’emprunter cette voie en faisant perdre à l’enseigne quelque 5 millions de livres par semaine conduisant Pano Christou, son directeur général à dire que :

La pandémie a fait partir en fumée près de 10 ans de la croissance de Prêt À Manger.

Pano Christou.

Une raison qui explique d’ailleurs la fermeture de plus d’une vingtaine de points de vente passant de 400 à 367 en notant que pour ceux qui restent, la situation est toute aussi critique en faisant face à des défauts de paiement des loyers.

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