La coronavirus pourrait changer l’image de l’immobilier commercial

un professionnel en train de desinfecter des locaux d'entreprise

Déjà en difficulté avant la crise actuelle, les commerçants physiques gardaient un mince espoir de reconquête du marché en se recentrant sur l’expérience client. L’épidémie de Covid-19 a balayé ces projets et pousse les acteurs du commerce à repenser leur modèle en vue de s’adapter à la probable transformation de l’immobilier commercial dans les prochaines années.

La crise du coronavirus appelle à un certain nombre de changements dans l’immobilier commercial et le business model des commerçants en général. En supposant que les bailleurs, les brokers et les commerçants trouvent un terrain d’entente, l’organisation des commerces urbains aura un tout nouveau visage d’ici 2030. La vente en ligne fera partie intégrante d’une stratégie omnicanal, où la boutique virtuelle et le magasin physique fonctionneront en synergie pour garantir la satisfaction des clients.

Ce revirement s’accompagnera peut-être d’une revalorisation des loyers commerciaux, qui pèsent lourd sur l’activité des petits commerces depuis plusieurs années. Les points de vente éphémères en centre-ville seront fréquents, afin de répondre à une demande urgente, réelle et éphémère.

Le Covid-19 donne une certaine idée du commerce de demain

À quoi ressemblera le monde du commerce français en 2030 ? L’épidémie de Covid-19 a conduit plusieurs groupes de réflexion à répondre à cette question, sur fond de tensions autour :

  • du bail commercial ;
  • de risques de faillite en masse de petits commerçants ;
  • d’avancée des vendeurs en ligne.

À la lumière des pratiques observées avant et pendant la crise, les analystes s’attendent à des changements relativement mineurs dans les prochaines années. Conscients du potentiel de la vente en ligne, les magasins physiques n’hésiteront plus à user d’une stratégie omnicanal impliquant une vitrine virtuelle pour acquérir et fidéliser leur clientèle. Les systèmes de drive-to-store et les articles premium accessibles uniquement en magasin animeront le quotidien des commerçants, même les petits magasins de proximité.

Pour échapper à la pression des loyers commerciaux, les boutiques s’engageront sur une durée limitée, entre 12 et 24 mois, en abandonnant les baux contraignants sur 3, 6 ou 9 ans. Les grandes entreprises s’accrocheront à ces contrats pour accéder aux emplacements prime.

Pour les petits commerces, la faible durée d’engagement leur confère une plus grande flexibilité face aux externalités telles que :

  • les mouvements sociaux ;
  • les attentats ;
  • les crises environnementales ou sanitaires.

Les commerces éphémères fleuriront aussi de partout dans les villes moyennes, pour répondre à des demandes saisonnières ou temporaires à savoir :

  • les soldes ;
  • la canicule ;
  • les campagnes de lancement de nouveaux produits.

La crise actuelle comme accélérateur de tendances

Ces changements ne constitueraient pas une vraie révolution en soi. Les commerçants cherchent depuis quelques années la solution à l’équation des loyers commerciaux trop éloignés de la réalité du marché. Des experts ont déjà suggéré l’abandon de la notion de taux d’effort et de valoriser les emplacements sur la base de leur réelle plus-value sur l’activité des entreprises. La qualité en question est déterminée en fonction du nombre potentiel de clients générés par la boutique physique, une donnée que l’on peut obtenir avec des outils de suivi et d’analyse des flux sur chaque rue marchande.

D’autres commerçants privilégient la redynamisation des grands centres de shopping, en y favorisant :

  • le loisir ;
  • la convivialité ;
  • la restauration ;
  • la proximité avec les clients.

Cette solution ne résoudrait pas le problème du loyer, au cœur de nombreux conflits entre entreprises et foncières pendant la crise. Quant aux aides financières de l’État (le PGE par exemple), il ne s’agirait que des demi-mesures qui auront du mal à survivre aux conséquences économiques et sociales à long terme.

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