La pérennité des magasins physiques assurée par leur fonction sociale

un caddie dans un centre commercial

L’essor du commerce électronique a indéniablement affecté l’activité des points de vente physiques. Pour autant, ces derniers ne devraient pas totalement disparaître. Le sociologue Vincent Chabault explique en effet que des boutiques de quartier aux hypermarchés, les magasins ont une fonction sociale importante.

La fonction sociale, argument des magasins physiques contre le e-commerce

Avec la concurrence du e-commerce depuis une dizaine d’années, de nombreuses chaînes de grande distribution dans le monde sont contraintes de leur réseau physique. Le mouvement touche aussi la France, le pourcentage d’acheteurs en ligne sur l’ensemble de la population étant passé de 36 % à 64 % entre 2008 et 2018.

Mais malgré la digitalisation croissante des emplettes dans le domaine du retail, les consommateurs passent encore près d’une demi-heure par jour pour leurs courses en magasin. En particulier pour la nourriture, les personnes veulent voir et toucher ce qu’elles vont manger.

Quels que soient les avantages des plateformes et les évolutions des comportements,

Le commerce physique devrait survivre tant que les centres commerciaux, galeries marchandes ou petites échoppes assurent leur fonction sociale,

Vincent Chabault.

explique Vincent Chabault, sociologue spécialiste de la consommation.

Pour lui,

Les individus se rendent en magasin, pas uniquement dans un but économique, mais également pour satisfaire un besoin d’interaction, ainsi qu’un désir d’appartenance et de différenciation.

Vincent Chabault.

Au quotidien, ces lieux :

  • constituent un repère géographique,
  • offrent de l’animation,
  • et favorisent la construction de relations.

Dans le secteur du livre, par exemple, le sociologue estime que

Le maintien du réseau indépendant de librairies est dû au plaisir que procure l’achat sur place d’un bel ouvrage sur le conseil d’un spécialiste. 

Vincent Chabault.

Adaptation des commerces physiques aux évolutions sociétales

Vincent Chabault va même plus loin, assimilant le centre commercial à un « lieu de réconfort » pour la plupart des profils et dans toutes les sociétés. Se basant sur les résultats d’enquêtes par immersion, il affirme que

Ces endroits contribuent entre autres à la vie sociale des seniors aux revenus modestes, ainsi qu’aux jeunes, qui y trouvent une occupation en groupe, sans forcément consommer.

Vincent Chabault.

Il observe également un

Renouvellement de l’offre commerciale reflétant celui de la société.

Vincent Chabault.

Outre-Atlantique, par exemple, on assiste à un phénomène appelé « gentrification », qui consiste en l’installation de personnes plus aisées dans les anciens quartiers populaires. Les commerces évoluent suivant les aspirations de ces nouveaux résidents et leur style de vie centré autour de la proximité et de l’authenticité. Il reste que les habitants historiques ne s’y retrouvent parfois plus, aussi bien d’un point de vue culturel qu’économique.

De leur côté, les grandes surfaces peinent quelque peu à s’adapter à l’effritement de la consommation de masse. Aujourd’hui,

Important avec les exigences croissantes de proximité et de personnalisation du service imposées par les consommateurs, les distributeurs doivent revoir leur modèle.

C’est le cas d’Ikea, qui délaisse la périphérie au profit d’un local commercial au cœur de Paris pour retrouver un bon niveau de rentabilité. D’ailleurs, pour tous les acteurs du secteur, les marges et la croissance justifient un revirement de stratégie, qui donne le low cost et le semi-premium.

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