La Covid-19 fragilise encore plus le commerce urbain

commerçant masqué

Le commerce de centre-ville se noie depuis quelques années dans une mare de problèmes, notamment ceux liés à la taille exiguë des cellules disponibles. La crise actuelle ne fait qu’aggraver le cas, entraînant une baisse inquiétante du pouvoir d’achat des clients, une évolution des mentalités ainsi que la crainte des défaillances en série dues à l’accumulation de charges impayées.

Dans son livre publié en 2018, Franck Gintrand a détaillé les nombreux défis auxquels le commerce urbain fait face. Le délégué de l’Institut des Territoires estime que la crise pourrait peser encore plus sur leurs activités, un avis partagé par Philippe Moati. Ce professeur d’économie à l’université Paris 7 anticipe une détérioration de la situation du commerce de centre-ville à l’automne, lorsque les effets des mesures de soutien du gouvernement se seront estompés. Il craint également les répercussions d’une baisse du pouvoir d’achat et d’un délaissement progressif de la culture de l’hyperconsommation par les ménages.

Le commerce urbain menacé par l’impact de la pandémie

Les répercussions économiques du nouveau coronavirus n’épargnent décidément aucun secteur d’activité. Malgré les mesures de soutien déployées par le gouvernement au printemps,

Important Les petites entreprises, notamment les commerces de centre-ville, souffrent encore des retombées de la pandémie.

Certes, Philippe Moati évoque un effet de rattrapage qui concerne surtout les commerces alimentaires. Selon le cofondateur de l’ObSoCo (Observatoire société et consommation), ces derniers ont peu ressenti les conséquences du confinement et beaucoup en ont même profité dans une certaine mesure.

Les autres commerçants urbains n’ont pas eu cette « chance » : même si leurs activités commencent lentement à se relever, ils devront affronter d’autres obstacles dès l’automne. Parmi les difficultés annoncées par l’enseignant-chercheur de l’Université Paris 7 figurent notamment le paiement des reports de charges et le climat d’incertitude généré par l’attente d’une hypothétique deuxième vague d’épidémie.

Il relève également un affaiblissement du pouvoir d’achat des clients, dont beaucoup ont aussi souffert de la crise économique. Et quand ils y ont échappé, davantage de ménages se montrent de plus en plus conscients des méfaits de l’hyperconsommation et adaptent leurs dépenses en conséquence.

La nécessité de mettre en place un plan d’urgence

L’analyse de Philippe Moati rejoint celle de Franck Gintrand, délégué de l’Institut des Territoires, qui avait identifié dès 2018 les grandes faiblesses du commerce urbain dans son livre. Selon lui, les baux commerciaux portant sur de grands espaces sont rares dans les centres-villes, où la moyenne des locaux disponibles oscille entre 60 et 100 m².

Cette fragilité structurelle pénalise le commerce de proximité par comparaison avec les grands centres commerciaux des zones périphériques. La crise de la Covid-19 creuserait davantage l’écart entre les deux modèles, surtout pour les entreprises d’habillement et les enseignes alimentaires.

L’économiste plaide ainsi pour la mise en place d’un plan d’urgence en faveur des petits commerces urbains, les plus exposés aux conséquences économiques de la pandémie. En attendant le déploiement de cette mesure, Frank Gintrand appelle à un moratoire sur les zones commerciales.

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