Les banques françaises voient dans l’« open banking », un moyen de contrer les menaces à peine voilées des nouveaux acteurs de la finance et des Gafa. Elles sont même prêtes à composer avec les écueils afférents à cette nouvelle stratégie, notamment en termes de relation client. Néanmoins, elles doivent d’abord apprendre à maîtriser les arcanes de cette opération avant d’espérer en tirer profit.
Pour ne pas perdre en compétitivité face à l’émergence de nouveaux acteurs de la finance, mais aussi pour tenir tête aux menaces « Gafa », les banques françaises s’apprêtent à s’aventurer dans l’« open banking ».
L’adoption de cette stratégie amène surtout les banques à faire une grande concession. Elles sont effectivement contraintes de céder leur titre d’interlocuteur unique de leurs clients.
Déjà en 2016, lors du lancement de sa plate-forme API, BBVA a par exemple affirmé que la présence d’intermédiaires n’est pas un souci, tant qu’elle y trouve son compte. Néanmoins, pour l’heure, les banques françaises ont encore du mal à se retrouver dans le modèle économique associé à l’« open banking ».
L'espagnol BBVA et l’américain Capital One sont les précurseurs de l’« open banking », système de distribution de produits bancaires dans une zone commerciale accessible à d’autres professionnels de la vente. Les banques françaises semblent être prêtes à emboîter le pas. Thierry Mennesson, associé chez Oliver Wyman de confirmer :
La deuxième directive européenne sur les services de paiement (DSP2) a été un catalyseur : les banques françaises ont compris qu'elles n'avaient d'autre choix que de s'ouvrir et elles cherchent désormais à créer un modèle économique autour de ce concept d’open banking.
Thierry Mennesson.
La stratégie que les banques françaises veulent adopter est basée sur le « cloud » Amazon Web Services. Ce système permet effectivement au géant de l’e-commerce de commercialiser, à la demande, des infrastructures informatiques.
Les banques y voient surtout un tremplin pour proposer des services financiers à la carte. Elles espèrent ainsi pouvoir rentabiliser leurs coûts de structures et mieux faire face aux Gafa qui projettent, eux aussi, de s’aventurer sur le terrain des services financiers.
Malgré leur enthousiasme, les banques françaises peinent encore à maîtriser le modèle économique correspondant à l’« open banking ». Joao Simoes, directeur des opérations au sein de la direction informatique de la Bred, d’admettre :
Tout le monde se cherche encore, on a du mal à distinguer les interfaces de programmation (API) qui généreront des revenus de celles qui n'en généreront pas.
Joao Simoes.
Les banques sont surtout inquiètes quant aux impacts de cette stratégie sur leur fond de commerce. Elles veulent avant tout garder la relation directe avec leur clientèle.