Les SPACs s’installent progressivement sur le marché financier européen

sac d'argent

L’introduction en Bourse constitue une étape clé pour toute entreprise qui souhaite bénéficier de l’apport en liquidités des marchés financiers. Cette opération se déroule selon une procédure assez contraignante… sauf si la société passe par un Special Purpose Acquisition Company ou SPAC. Ce véhicule d’investissement en plein essor est encore loin de faire l’unanimité.

De Google, Facebook, Total, SFR à JCDecaux, les grandes compagnies françaises et internationales sont toutes passées par la case IPO dans le cadre de leur développement. Les marchés boursiers leur donnent accès à l’épargne d’investisseurs privés et institutionnels, qui obtiennent en contrepartie des droits sur leur capital. Ces dernières années, on observe l’émergence d’un nouveau modèle d’introduction en Bourse, effectué par les SPACs.

Ces sociétés, populaires aux États-Unis, commencent à faire leur trou en Europe, au grand bonheur des firmes qui cherchent à s’introduire en Bourse plus facilement. Les SPACs semblent être une alternative aux traditionnelles sociétés de private equity.

Des SPACs à la conquête des marchés financiers européens

En France, les SPACs sont relativement peu connus avant 2017 et le succès de Mediawan. Cette société d’investissement, après avoir bouclé une première campagne de financement participatif, a réussi à racheter le groupe AB en 2017 et le mener jusqu’à une IPO. Et cela, un an seulement après sa création par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre-Antoine Capton.

Lors de son introduction en Bourse, ce SPAC a levé 250 millions d’euros sur la place de Paris. Il s’agit d’une somme énorme pour une structure que l’on pourrait comparer à une coquille vide, dont la seule mission consiste à investir les fonds récoltés dans le secteur du divertissement en Europe ou dans le domaine des médias digitaux et traditionnels. Les investisseurs qui ont placé leur argent dans Mediawan ont le sourire, malgré tout.

Ce SPAC fait aujourd’hui figure de référence dans le paysage audiovisuel en Europe, grâce à ses prises de participation dans plusieurs agences et sociétés de divertissement et de médias digitaux. Le groupe est actuellement valorisé à 1 milliard d’euros. Il a déjà mené, avec succès, l’acquisition de Keewu, une société de production sénégalaise, en 2020 et projette d’en faire de même avec Côte Ouest Audiovisuel, en Côte d’Ivoire. Mediawan n’est qu’un exemple parmi les nouveaux SPACs qui ont fait leur apparition sur les bourses européennes ces dernières années.

Un véhicule d’investissement plus accessible et à risque

Lors de sa constitution et son entrée en Bourse, le SPAC émet des actions à un prix initial relativement faible, autour de 10 dollars. Les investisseurs qui achètent ces titres reçoivent un ticket qui leur donne droit à l’acquisition d’une autre action à un prix fixé en avance. L’argent levé lors de cette première collecte est placé sur un compte de fiducie, en attendant la première acquisition.

Les fonds récoltés sont administrés par des gestionnaires appelés sponsors, qui s’engagent à trouver une société à racheter dans un délai de 18 à 24 mois. Lorsqu’ils identifient une cible, ils organisent un vote pour obtenir l’approbation des investisseurs. La majorité est nécessaire pour valider une acquisition. Ce fonctionnement, en apparence simple, n’est pas sans risque. Les SPACs peuvent ne pas trouver de cible dans les délais impartis : l’argent des investisseurs se retrouve ainsi immobilisé inutilement dans un compte de fiducie peu rémunérateur.

Il se peut également que l’équipe de gestion se trompe dans l’évaluation de la cible et de ses perspectives de développement. Et le risque d’apparition d’une bulle provoquée par la compétition entre les SPACs en quête de société à racheter est réel.

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