L’immobilier participatif surnage face à la crise sanitaire

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Dans une économie mise au tapis par l’épidémie depuis plus d’un an, la finance participative de l’immobilier poursuit son envol. Ce marché n’a de cesse d’attirer les investisseurs, séduits par un rendement élevé et un taux de défaut proche de zéro. Les derniers chiffres du secteur appellent toutefois à la prudence.

Le financement participatif est resté pendant quelques années l’apanage des start-ups et des projets sociaux et solidaires. Ce marché commence à réellement s’envoler ces trois dernières années, et la crise sanitaire en cours ne semble guère le perturber. Les contributeurs continuent d’affluer sur les plateformes spécialisées. Les promoteurs, probablement alertés par le resserrement des vannes du crédit bancaire, envisagent de plus en plus la finance participative comme une alternative viable et sûre pour collecter les fonds nécessaires à la réalisation de leur projet. Les retards de chantiers provoqués par la pandémie rappellent néanmoins la réalité des risques dans ce type de placement.

Ralentissement du neuf et réorientation vers l’ancien

Les chiffres du crowdfunding immobilier en 2020 sont globalement positifs. Quelques indices suggèrent malgré tout que la crise sanitaire a aussi pesé quelque peu sur l’activité des plateformes de collecte et des promoteurs. L’épidémie a, par exemple, entraîné une chute de 16,4 % du nombre de permis de construire, un recul net qui n’est pas sans conséquence sur l’offre disponible dans l’immobilier neuf. À cette baisse s’ajoutent les recours formulés par les riverains vis-à-vis des projets qui ont obtenu leur autorisation.

Les élections municipales de l’année dernière ont également ralenti le traitement des dossiers, en raison de leur volonté de tout remettre à plat et de revérifier la conformité des chantiers aux normes environnementales actuelles. Cette situation exceptionnelle pousse les plateformes à s’adapter et à cibler les programmes de rénovation et de réhabilitation. Ce segment jusqu’alors très peu présent sur les sites de financement participatif jouit d’un regain d’intérêt évident, d’autant plus que les options proposées aux investisseurs sont nombreuses, entre :

  • la transformation de locaux professionnels en logement ;
  • les réhabilitations légères ;
  • les rénovations énergétiques.

Ces programmes dans l’ancien occupent jusqu’à 80 % de l’offre sur certaines plateformes. Outre la raréfaction de l’offre dans le neuf, on note également un allongement mécanique de la durée des opérations et une augmentation assez sensible des retards de paiement. Les décalages de plus de six mois ont quasiment doublé, passant de 5,7 % l’année dernière à 9 % depuis janvier.

Des investissements plus accessibles et plus surveillés

Ces retards de paiement, loin d’être catastrophiques, prouvent la réalité des risques financiers de l’immobilier participatif. La probabilité de défaillance d’un promoteur présent sur les plateformes de collecte demeure toutefois très faible. À l’instar des banques, les responsables de ces sites ont resserré les conditions d’éligibilité des programmes soutenus sur leur plateforme. Pour rassurer les investisseurs, ils mettent à leur disposition des indicateurs de solvabilité des promoteurs. Les contributeurs disposent ainsi d’une base d’information solide afin de comparer les performances des porteurs de projet et de mieux arbitrer leur placement.

En dépit de toutes ces incertitudes, la pierre financée à travers le crowdlending conserve son statut de valeur refuge. Les rendements servis par les plateformes dépassent de loin ceux du livret A ou de l’assurance-vie, avec une moyenne à plus de 9 % en 2020. Autre argument phare : les placements dans l’immobilier participatif s’ouvrent à un public plus large. Le ticket d’entrée moyen descend jusqu’à 100 euros sur certains sites. Les gros investisseurs, eux, peuvent placer jusqu’à 8 millions d’euros sur un programme.

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