Des entreprises restent exposées à une faillite malgré le PGE

financement participatif

Au printemps 2020, l’État a décidé de débloquer des financements d’urgence pour reconstituer la réserve de trésorerie des entreprises mises à mal par la crise sanitaire. Un an après, le dispositif court toujours. Malgré son immense succès, ce prêt garanti ne pourra pas sauver certaines entreprises d’une banqueroute inévitable dans les prochains mois.

Frappées par une chute dramatique de leurs rentrées d’argent et de leur flux de liquidité lors du premier confinement, les entreprises ont dû puiser dans leurs réserves de cash pour rester à flot. L’aide d’urgence déployée par le gouvernement leur a permis de survivre et d’entamer l’été 2020 dans de meilleures conditions, même si le reconfinement en fin d’année et la troisième fermeture administrative en avril leur a de nouveau porté un coup dur.

En Bourgogne-Franche-Comté, les responsables locaux craignent que ces mesures pèsent durablement sur la solvabilité de certaines entreprises, surtout celles dont les finances étaient déjà à un stade alarmant avant la crise.

Un sursis inquiétant pour les entreprises de Bourgogne-Franche-Comté

Dernièrement, les entreprises en délicatesse avec leurs finances peuvent se féliciter du lancement du nouveau prêt aidé, abondé par un financement participatif mettant à contribution les assureurs et les mutuelles. Cette nouvelle aide complète les Prêts garantis par l’État, un financement aidé qui a permis à des milliers d’entreprises de survivre au ralentissement économique causé par la pandémie.

En Bourgogne-Franche-Comté, ce sont surtout les très petites entreprises qui ont bénéficié de ce soutien financier. 88 % des TPE de la région ont souscrit un PGE, pour un montant total de 3,22 milliards d’euros. Les responsables locaux ont salué la rapidité avec laquelle les banques et les pouvoirs publics ont mis sur pied ce dispositif exceptionnel.

Cela ne les empêche pas de s’inquiéter de la situation financière des entreprises à l’approche des premiers remboursements du prêt. Le président du tribunal de commerce de Dijon craint surtout une flambée de dépôts de bilan d’ici 12 mois, lorsque le différé de remboursement du PGE prend fin. Depuis le début de l’année, cette cour a reçu une quinzaine de dossiers de redressement judiciaire, ce qui est étonnant sachant qu’elle traite habituellement entre 60 et 70 dossiers par an. Le magistrat prône la prudence : selon lui, la situation pourrait se dégrader à moyen terme, quand les effets du soutien gouvernemental s’estomperont.

Risques de noyade après le retrait des bouées de secours

Jérôme Prince, président du tribunal de commerce de Dijon, n’est pas le seul à s’inquiéter de l’avenir des entreprises en difficulté qui ont contracté un Prêt garanti par l’État. Les entrepreneurs de Bourgogne-Franche-Comté partagent cet avis, d’autant plus que la reprise tant attendue n’arrive pas au rythme souhaité. Certaines sociétés, dont Coublanc Stores, ont été contraintes de souscrire un PGE pour soulager leur trésorerie durant les premiers mois de l’épidémie.

Même si elles ont renoué avec l’équilibre budgétaire, ces compagnies ne crient pas encore victoire : elles doivent encore assurer le remboursement du prêt sur une période où la visibilité économique reste aléatoire. Il convient de noter que 25 000 entreprises ont bénéficié d’un PGE en Bourgogne Franche-Comté.

Au niveau national, ce sont 138,3 milliards d’euros de PGE qui ont été distribués à 680 000 entreprises, selon les chiffres de la Banque Publique d’Investissement. La fin de cette bouée de secours au 31 décembre 2021 pourrait précipiter la faillite de compagnies qui avaient déjà des problèmes financiers majeurs avant la crise.

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