Les entreprises s’inquiètent de l’impact des prêts participatifs sur leur cotation

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Dispositif phare de la seconde vague d’aides déployées par Bercy, les prêts participatifs avaient tout pour séduire les entreprises en manque de liquidités. Les premiers échanges avec les banques ont toutefois refroidi leurs ardeurs. En cause : les sociétés craignent les effets négatifs de ce financement sur leur cotation par la Banque de France.

Le ministère de l’Économie et des Finances avait annoncé en début d’année le lancement d’un nouveau prêt aidé. Ce système est financé majoritairement par les compagnies d’assurance et les mutuelles, selon un mécanisme de crowdfunding. Ce énième crédit spécial en temps de Covid-19 vise deux objectifs : permettre aux entreprises durement touchées par la crise de reconstituer leur trésorerie, sans pour autant affecter leur capacité d’endettement.

Bercy présente alors son produit comme un financement assimilable à des quasi fonds propres. Seul problème : cette notion n’a aucun fondement légal dans la comptabilité française, selon la Banque de France. Et cela inquiète les entreprises.

Bercy et la Banque de France tentent de rassurer

Face aux réticences des entreprises qui ont entamé les premières discussions avec leurs banques, Bercy et la Banque de France s’efforcent de promouvoir le nouveau prêt abondé par financement participatif. À la place de Paris, on martèle que ce crédit ne ressemble en rien à une dette classique. L’institution promet de l’analyser de manière positive dans les bilans des emprunteurs, en tenant compte de la garantie apportée par l’État et du différé de remboursement de 4 ans.

En procédant ainsi, la Banque de France limite au strict minimum l’impact de ces emprunts sur la cotation des entreprises. Le ministère des Finances sort aussi de sa réserve habituelle et prévoit d’accompagner les sociétés dans leur processus de financement. Bruno Le Maire insiste notamment sur le caractère long terme de ces prêts participatifs, qui courent sur 8 ans. Le premier remboursement du capital intervient lors de la cinquième année, une particularité qui confère aux prêts leur qualificatif de « quasi fonds propres ».

Autre détail : ces crédits participatifs appartiennent à la famille des dettes juniors. Cela implique que leur remboursement est exigible uniquement après le paiement des autres dettes de la société, et que cette dernière en a encore les moyens. Autrement dit, le délai de 8 ans est purement théorique et peut être allongé en fonction de l’évolution de la situation financière de l’entreprise.

Des entreprises inquiètes du traitement comptable des prêts

Bercy espère qu’avec ces nombreux aménagements, les sociétés souscrivent à ces prêts participatifs et bénéficient d’un apport de liquidités bénéfique pour leur redémarrage et pour la relance économique globale. La contribution des grandes banques et de la vingtaine d’assureurs – ces dernières ont placé 20 milliards d’euros dans le dispositif – serait également un signal fort en faveur de ces prêts. Toutefois, la Banque de France et le ministère des Finances semblent omettre le fait que les intérêts du prêt doivent être payés dès la première année. Ils s’élèvent à 5 % pour les ETI et 4 % pour les PME.

Les bons mots de la place de Paris et de Bercy n’occultent pas le fait que ces prêts participatifs sont comptabilisés comme des dettes financières. Ils pèsent donc sur la capacité d’endettement des entreprises. Par voie de conséquence, les sociétés qui souscrivent à ce financement peuvent être moins bien notées par la Banque de France, en raison d’un endettement trop élevé. Et cela nuirait fortement à leur projet de développement et d’investissement.

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