Les procédures de sélection des plateformes participatives sous le feu des critiques

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Le documentaire Hold-up qui est sorti en novembre a beaucoup fait du bruit, en raison de ses théories très controversées. C’est surtout l’action, ou plutôt l’inaction, des sites de finance participative qui a soulevé de nombreuses questions. Sous le feu des critiques, ces plateformes ont tenu à renforcer leur politique de sélection.

Le documentaire Hold-Up n’est pas la première œuvre brûlante à être financée des particuliers sur les sites de finance participative. En revanche, les idées au relent conspirationniste du film passent mal auprès des critiques et du public.

Plusieurs d’entre eux ont pointé du doigt la responsabilité des sites qui ont contribué au financement de ce documentaire, en se montrant laxistes dans leur processus de sélection.

Selon Ulule, KissKissBankBank et les autres, l’exercice est plus complexe qu’il n’y paraît, d’autant plus que certains porteurs de projet, comme ce fut le cas des auteurs de Hold-Up, ne manquent pas d’imagination pour contourner les étapes de vérification.

La responsabilité juridique des sites en cas de dérive

La loi considère les sites de crowdfunding responsables des cagnottes et campagnes qu’ils acceptent de gérer. Leur statut d’établissement financier intermédiaire les oblige à honorer certains engagements légaux, notamment en matière de :

  • blanchiment d’argent ;
  • lutte contre le terrorisme ;
  • apologie de la haine.

Cette responsabilité impose aux opérateurs d’améliorer régulièrement leur processus de triage des projets à soumettre aux donateurs. Malgré toutes ces précautions, des fraudeurs réussissent à passer les mailles de leur filet de sécurité, à la faveur de techniques toujours plus élaborées. Les auteurs du documentaire Hold-Up ont, par exemple, usé d’un stratagème assez courant, dans lequel ils présentent un pitch initial qui mise sur la pluralité des voix.

Sauf qu’au moment de produire l’œuvre, ils changent radicalement de ton et s’engouffrent dans les méandres des thèses conspirationnistes sans fondement.

Pour combattre ces dérives, la sélection par l’homme ne suffit plus. KissKissBankBank investit alors dans une technologie basée sur des algorithmes qui détectent les propos racistes, homophobes et autres sujets susceptibles d’engager sa responsabilité juridique. Les cagnottes qui contreviennent à ces règles sont automatiquement refusées.

Des contrôles plus stricts et plus responsables

En plus des algorithmes, KissKissBankBank s’appuie aussi sur des équipes chargées d’appliquer un protocole de modération strict en amont.

À chaque nouvelle demande de financement, l’identité de l’auteur est vérifiée, de même que ses antécédents juridiques et sa solvabilité. Après ce premier examen, les projets douteux sont scrutés de près par un comité de vérification qui aura le dernier mot. Ulule procède aussi de la même manière, exception faite du recours à l’analyse sémantique.

La plateforme Leetchi, elle, opte pour une sélection finale en aval. Des modérateurs contactent directement les porteurs de projet, pour discuter des objectifs de leur campagne. Dans tous les cas, ces vérifications sont plus que nécessaires, vu le nombre de requêtes reçues par ces sites chaque mois. Leetchi traite chaque année environ 500 000 nouvelles campagnes, soit 1 500 demandes par jour, contre 2 000 par mois chez Ulule.

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